Une version améliorée de cette page est présentement en cours de développement sur un tout nouveau site

Cliquez ici pour aller sur le nouveau site et n'hésitez pas à me faire parvenir vos commentaires.
Évangile :
Chapitre :
Verset :

Jean 2, 5 - 12

5Sa mère dit aux serviteurs: "Faites tout ce qu'il vous dira." 6Or, il y avait là six urnes de pierre destinées aux ablutions des Juifs et contenant chacune deux ou trois mesures. 7Jésus leur dit: "Remplissez d'eau ces urnes." Et ils les remplirent jusqu'au haut. 8Et il leur dit: "Puisez maintenant, et portez-en au maître du festin; et ils en portèrent. 9Dès que le maître du festin eut goûté l'eau changée en vin (il ne savait pas d'où venait ce vin, mais les serviteurs qui avaient puisé l'eau le savaient), il interpella l'époux et lui dit: 10"Tout homme sert d'abord le bon vin, et après qu'on a bu abondamment, le moins bon; mais toi, tu as gardé le bon jusqu'à ce moment." 11Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus, et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. 12Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils n'y demeurèrent que peu de jours. 
  • Saint Jean Chrysostome
    Bien que Jésus vienne de dire à sa mère : « Mon heure n'est pas encore venue, » il se rend cependant à ses désirs, et démontre amplement par là qu'il n'était point soumis à l'heure. Car s'il était assujetti à une heure déterminée, comment se fait-il qu'il opère ce miracle avant que l'heure soit arrivée ? Un autre motif de cette conduite, c'est le témoignage d'honneur qu'il veut donner à sa mère, pour ne point paraître la contredire et la couvrir de honte devant tant de témoins ; car elle avait fait approcher les serviteurs, pour faire appuyer sa demande par un plus grand nombre de personnes : « Sa mère dit à ceux qui servaient, faites tout ce qu'il vous dira. »
  • Bède le Vénérable
    Comme si elle leur disait : Il fera ce miracle, bien qu'il paraisse le refuser, car sa mère connaissait sa bonté et son âme compatissante : « Or, il y avait là six urnes de pierre, » etc. Ces urnes (en latinhydriae), étaient des vases destinés à contenir de l'eau, et leur nom vient du mot grec ?d??, qui veut dire eau.
  • Alcuin d'York
    Ces vases étaient destinés à contenir de l'eau pour servir aux purifications en usage chez les Juifs, qui, entre autres traditions pharisaïques, observaient celle de se purifier fréquemment.
  • Saint Jean Chrysostome
    Comme le sol de Palestine est très-aride, et qu'on y rencontre peu de fontaines et de puits, les Juifs remplissaient d'eau de grandes urnes, pour n'être pas obligés d'en aller chercher dans les fleuves, et pouvoir se purifier facilement s'ils venaient à tomber dans quelque impureté légale. L'Evangéliste ajoute : « Qui servaient aux purifications des Juifs, » pour ôter aux incrédules jusqu'à l'ombre du soupçon qu'il restait au fond de ces vases de la lie avec laquelle en jetant de l'eau dessus, on aurait fait un vin fort léger, et il montre aussi jusqu'à l'évidence, que ces vases n'avaient jamais contenu de vin.
  • Saint Augustin
    Le mot metretas vient du grec µ?t???, et signifie des vases d'une certaine mesure, des urnes, des amphores ou autres vases semblables.
  • Bède le Vénérable
    Ces expressions deux ou trois ne veulent pas dire que parmi ces vases, les uns contenaient deux mesures, les autres trois, mais que chacun d'eux pouvait contenir deux ou trois mesures.
  • Saint Jean Chrysostome
    Mais pourquoi Jésus ne fit-il pas ce miracle avant que les urnes fussent remplies d'eau ? Le miracle eût été bien plus éclatant, s'il eût fait sortir une nouvelle substance du néant, au lieu de donner simplement de nouvelles propriétés à une substance déjà existante. Oui, en effet, ce miracle est d'un ordre supérieur, mais pour plusieurs il eût paru beaucoup moins digne de foi. Aussi voyons-nous souvent Nôtre-Seigneur affaiblir, pour ainsi dire, la grandeur de ses miracles, pour les rendre plus croyables. Ajoutons qu'il opère un grand nombre de miracles à l'aide de substances déjà existantes, pour détruire cette pernicieuse erreur que le Créateur du monde est distinct du vrai Dieu, car si ce prétendu créateur du monde lui était opposé, il ne ferait point servir les objets qu'il a créés à démontrer sa puissance divine. Ce n'est point Jésus lui-même qui puise dans les vases pour montrer que l'eau est changée en vin, c'est aux serviteurs qu'il donne l'ordre de puiser pour les rendre eux-mêmes témoins du miracle : « Et Jésus leur dit : Puisez maintenant et portez-en au maître d'hôtel. »
  • Alcuin d'York
    Le mot triclinium veut dire une rangée de trois lits, du mot grec ?????, lit de repos sur lequel les-convives s'étendaient ;l'Architriclinus, ou président du festin, était le premier des convives qui, suivant l'usage antique, étaient étendus sur des lits. Il en est qui pensent que ce président du festin étaient un des prêtres juifs, qui pouvaient assister aux noces, pour apprendre comment on devait s'y conduire.
  • Saint Jean Chrysostome
    On aurait pu objecter que les convives étaient dans l'ivresse et que leur goût était émoussé au point de ne plus pouvoir juger si c'était de l'eau ou du vin qu'on leur présentait. Ceux au contraire qui étaient chargés du service de la table, étaient à l'abri de tout soupçon et n'avait qu'un soin, celui de préparer tout avec ordre et intelligence. Aussi est-ce pour donner un témoin irrécusable du miracle qu'il venait d'opérer, que Nôtre-Seigneur dit aux serviteurs : « Portez-en au maître du festin, » parce que son palais n'était pas émoussé, et non pas : Servez ce vin aux convives.
  • Saint Hilaire
    C'est de l'eau que l'on verse dans les urnes, et c'est du vin que l'on en retire avec les coupes ; ceux qui ont rempli ces urnes diffèrent de sentiment avec ceux qui viennent y puiser. Les premiers ne peuvent pas supposer qu'on puisse en retirer autre chose que de l'eau ; ceux au contraire qui puisent dans ces urnes croient qu'on les a remplies de vin : « Sitôt que le maître du festin eut goûté l'eau changée en vin, ne sachant d'où il venait (mais les serviteurs qui avaient puisé l'eau le savaient), il appela l'époux. » Ce ne fut pas un mélange, mais une création. L'eau pure disparut pour faire place à un vin généreux ; ce n'est point par le mélange d'une substance plus forte qu'on obtient une liqueur plus faible ; la première substance est complètement détruite, et fait place à une substance qui n'existait pas encore.
  • Saint Jean Chrysostome
    Nôtre-Seigneur voulait que le caractère divin de ses miracles se révélât peu à peu ; aussi ne fait-il pas connaître lui-même ce qui vient d'arriver. Le maître du festin n'appelle pas non plus les serviteurs (car leur témoignage n'eût pas suffi pour faire admettre un miracle aussi étonnant de la part de celui que l'on regardait comme un homme ordinaire) ; il s'adresse à l'époux qui était beaucoup plus on mesure de voir et d'apprécier ce qui venait de se faire. Or, ce n'est pas un vin ordinaire, mais un vin excellent que Nôtre-Seigneur met à la place de l'eau : « Et il lui dit : Tout homme sert d'abord le bon vin, » etc. En effet, un des caractères des miracles de Jésus-Christ, c'est d'être beaucoup plus éclatants et aussi plus utiles que les choses qui sont le produit ordinaire de la nature. Les serviteurs furent témoins du changement de l'eau en vin, et le maître du festin aussi bien que l'époux, jugèrent eux-mêmes de l'excellence de ce vin. Il est probable que l'époux exprima sa reconnaissance en quelques paroles, mais l'Evangéliste n'en dit rien, il se contente de rapporter ce qui est nécessaire, c'est-à-dire, que Jésus a changé l'eau en vin, et il ajoute aussitôt : « Ainsi Jésus fit à Cana, en Galilée, le premier de ses miracles. » (hom. 23.) C'était le moment, en effet, d'opérer des miracles, puisqu'il était entouré de disciples parfaitement disposés et qui suivaient avec une grande attention toutes les actions du Sauveur, (hom. 21.) Prétendrait-on qu'il n'y a point de preuve suffisante que ce soit là le premier des miracles de Jésus, parce que l'Evangéliste ajoute : « A Cana, enGalilée, » ce qui permet de supposer qu'il en avait déjà fait ailleurs ? Nous répondrons en citant de nouveau les paroles de Jean-Baptiste : « C'est pour qu'il fût manifesté en Israël, que je suis venu baptiser dans l'eau. » (Jn 1, 31.) Si le Sauveur avait fait des miracles dans sa première enfance, les Israélites n'auraient pas eu besoin qu'on vînt le leur révéler. La multitude des miracles que fit Jésus dans un court espace de temps, lui donnèrent une si grande célébrité, que son nom était connu dans toute la Judée. Mais sa réputation eût été mille fois plus grande s'il avait commencé à faire des miracles dès ses premières années, car des miracles faits par un enfant eussent paru plus surprenants et ils auraient eu beaucoup plus de temps pour se répandre. Mais il convenait qu'il ne fit point de miracles dès son enfance, car on eût refusé de croire à son incarnation, et la jalousie extrême de ses ennemis les aurait portés à le crucifier avant le temps qu'il avait marqué.
  • Saint Augustin
    Ce miracle par lequel Nôtre-Seigneur a changé l'eau en vin, n'a rien d'étonnant pour ceux qui savent que c'est Dieu qui agit lui-même. Il opère aux noces de Cana, dans les urnes pleines d'eau, ce qu'il fait tous les ans dans les ceps de nos vignes, nous n'admirons pas cette dernière transformation, parce qu'elle s'accomplit chaque année sous nos yeux ; Dieu s'est donc réservé de nouveaux prodiges pour réveiller les hommes de leur assoupissement, et leur rappeler l'adoration qu'ils lui doivent, voilà pourquoi l'Evangéliste ajoute : « Et il manifesta sa gloire. »
  • Alcuin d'York
    C'est qu'en effet, il est le roi de gloire qui change les éléments aveu une puissance souveraine.
  • Saint Jean Chrysostome
    Voilà ce qu'il a fait, de son côté du moins, pour manifester sa gloire. Si ce miracle fut alors inconnu d'un grand nombre, tout l'univers devait dans la suite l'entendre raconter.
  • Saint Augustin
    Mais si leur foi en Jésus-Christ ne date que de ce miracle, ils n'étaient donc pas encore ses disciples, lorsqu'ils se rendirent à ces noces ? Il faut donc voir ici une manière de parler semblable à celle que nous employons, lorsque nous disons que l'apôtre saint Paul est né à Tarse, en Cilicie, car il est évident qu'il n'était pas Apôtre au moment de sa naissance. De même lorsque nous lisons dans l'Evangile, que les disciples de Jésus-Christ furent invités à ces noces, nous devons entendre qu'ils n'étaient pas encore ses disciples, mais qu'ils devaient le devenir plus tard.
  • Saint Augustin
    Considérez maintenant les mystères qui sont renfermés dans ce miracle du Seigneur; toutes les prédictions qui avaient Jésus-Christ pour objet devaient recevoir en lui leur accomplissement. C'était de l'eau qu'il avait sous les yeux, et il a changé cette eau en vin lorsqu'il ouvrit l'intelligence de ses Apôtres et qu'il leur expliqua les Ecritures. (Lc 24) C'est ainsi qu'il donne de la saveur à ce qui était insipide, et une force enivrante à ce qui n'en avait aucune.
  • Bède le Vénérable
    Au moment où le Seigneur se manifesta dans le mystère de son incarnation, la saveur généreuse du vin de la loi perdait insensiblement de sa force première par suite de l'interprétation toute charnelle des pharisiens.
  • Saint Augustin
    S'il avait fait répandre l'eau qui était dans les urnes pour la remplacer par un vin qu'il aurait tiré des trésors cachés de la création, il aurait paru condamner les livres de l'Ancien Testament. Mais au contraire, il change cette eau en vin, et nous démontre ainsi qu'il est l'auteur de l'Ancien Testament, car c'est par son ordre que les urnes ont été remplies d'eau. Mais cette eau reste sans saveur si la foi n'y découvre pas le Christ. Nous savons que les livres de la loi comprennent tout le temps qui s'est écoulé depuis le commencement du monde, que ce temps se partage en six époques, et que nous sommes dans la sixième de ces époques. La première se compte d'Adam jusqu'à Noé ; la seconde, de Noé à Abraham ; la troisième, d'Abraham à David ; la quatrième de David jusqu'à la captivité de Babylone ; la cinquième de la captivité de Babylone jusqu'à Jean-Baptiste ; la sixième, de Jean-Baptiste à la fin du monde. Les six urnes sont donc la figure des six âges du monde pendant lesquels la prophétie n'a pas fait défaut. Les urnes pleines représentent les prophéties accomplies. Mais que signifie cette circonstance qu'elles contenaient deux ou trois mesures ? Si l'Evangéliste n'avait dit que trois mesures, notre esprit, sans chercher ailleurs, s'arrêterait au mystère de la Trinité. Mais de ce qu'il s'est exprimé autrement, en disant : « Deux ou trois, » ce n'est pas une raison pour abandonner cette interprétation, car là où le Père et le Fils sont nommés, on doit y joindre aussi l'Esprit saint, qui est la charité mutuelle du Père et du Fils. Voici une autre explication qu'on peut encore donner. Les deux mesures peuvent représenter  les deux peuples, Juifs et Grecs, et les trois mesures, les trois enfants de Noé.
  • Alcuin d'York
    Les serviteurs sont les docteurs du Nouveau Testament, chargés d'expliquer aux simples fidèles le sens spirituel des Ecritures. Le président du festin, c'est tout homme versé dans la science de la loi, comme Nicodème, Gamaliel, Saul. L'eau changée en vin que l'on présente au maître du festin, c'est la doctrine de l'Evangile qui leur est confiée et qui était comme cachée sous la lettre de la loi. Nous voyons à ce festin nuptial trois espèces différentes de convives, parce que l'Eglise se compose de trois ordres de fidèles ; les personnes mariées, les vierges et les docteurs. Nôtre-Seigneur Jésus-Christ a gardé le bon vin pour la fin, parce qu'il a réservé l'Evangile pour le sixième âge du monde.

Ce site veut vous aider à mieux comprendre les Évangiles grâce aux précieux commentaires des Pères de l'Église. Ces commentaires proviennent d'aussi loin que le IIIe siècle, jusqu’à leur compilation par saint Thomas d’Aquin dans un ouvrage intitulé la Chaîne d’or (Catena aurea) au XIIIe siècle.

Les textes des Évangiles sont tirés de la Bible catholique Crampon
Les textes des commentaires sont une traduction par l’Abbé J-M Peronne, Louis Vivès éditeur, 9 rue Delambre, 1868

Cet outil a été conçu par Miguel Morin.