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Évangile :
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Verset :

Luc 18, 9 - 14

9Il dit encore cette parabole à l'adresse de certains qui avaient en eux-mêmes la conviction d'être justes et qui méprisaient les autres : 10" Deux homme montèrent au temple pour prier, l'un Pharisien et l'autre publicain. 11Le Pharisien, s'étant arrêté, priait ainsi en lui-même : " O Dieu, je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ni encore comme ce publicain. 12Je jeûne deux fois la semaine; je paie la dîme de tout ce que j'acquiers. " 13Le publicain, se tenant à distance, n'osait pas même lever les yeux au ciel; mais il se frappait la poitrine en disant : " O Dieu, ayez pitié de moi le pécheur ! " 14Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que celui-là; car quiconque s'élève sera abaissé, et qui s'abaisse sera élevé. " 
  • Saint Augustin
    Comme la foi ne peut être donnée aux orgueilleux, mais qu'elle est le partage des humbles; à la parabole qui précède, Notre-Seigneur en ajoute une autre, pour recommander l'humilité et condamner l'orgueil: «Il d it encore cette parabole pour quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes», etc.
  • Théophylactus
    L'orgueil est de toutes les passions celle qui tourmente le plus le coeur des hommes, aussi le Sauveur en fait-il plus souvent la matière de ses enseignements. Or, l'orgueil est le mépris de Dieu, car toutes les fois qu'on s'attribue à soi-même le bien qu'on fait, au lieu d'en renvoyer à Dieu la gloire, c'est une véritable négation de Dieu (cf. Jb 31,27 ). Cette parabole est donc à l'adresse de ceux qui se confient en eux-mêmes, ne renvoient pas à Dieu la gloire de leurs bonnes oeuvres, et qui, pour cela, n'ont que du mépris pour les autres. Notre-Seigneur veut nous y apprendre que lors même que la justice approcherait l'homme de Dieu, si elle est entachée d'orgueil, elle le précipite dans l'abîme: «Deux hommes montèrent au temple»,etc.
  • Asterius
    Notre-Seigneur nous a enseigné le zèle pour la prière par la parabole de la veuve et du juge, il nous apprend par l'exemple du pharisien et du publicain, quelles doivent être les conditions de nos prières, si nous ne voulons qu'elles soient frappées de stérilité, car le pharisien fut condamné pour avoir mal prié: «Or, le pharisien se tenant debout, priait ainsi en lui-même».
  • Théophylactus
    Sa contenance seule indique une âme superbe, et son attitude trahit un orgueil excessif.
  • Saint Basile
    «Il faisait en lui-même cette prière», c'est-à-dire qu'il ne l'adressait pas à Dieu, parce que dans son orgueil il n'envisageait que lui-même: «Mon Dieu, je vous rends grâces».
  • Saint Augustin
    Ce qui est répréhensible dans la conduite de ce pharisien, ce n'est pas de rendre grâces à Dieu, mais de ce qu'il semblait ne plus rien désirer pour lui-même. Vous êtes donc parfait, vous avez tout en abondance, vous n'avez plus besoin de dire: «Remettez-nous nos dettes». Quel crime n'est-ce pas de combattre la grâce avec impiété, puisque cet homme est coupable pour avoir rendu grâces avec orgueil. Écoutez donc, vous qui dites: C'est Dieu qui m'a fait homme, c'est moi-même qui me fais juste. Ah ! vous êtes pire que le pharisien, et votre orgueil plus détestable que le sien. Son orgueil le portait à se proclamer juste, mais cependant il en rendait grâces à Dieu.
  • Théophylactus
    Considérez attentivement toute la suite de sa prière. Il énumère d'abord les défauts dont il est exempt, puis les vertus qu'il croyait avoir: «Je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes», etc.
  • Saint Augustin
    S'il disait seulement: Je ne suis pas comme un grand nombre d'hommes. Mais qu'est-ce que le reste des hommes? Tous les hommes, excepté lui seul. Pour moi, dit-il, je suis juste, tous les autres sont pécheurs.
  • Saint Grégoire le Grand
    L'orgueil des âmes arrogantes se manifeste sous quatre formes différentes: ou elles s'imaginent que le bien qui est en elles vient d'elles-mêmes; ou elles attribuent à leurs mérites personnels de l'avoir reçu de Dieu, ou elles se vantent de vertus qu'elles n'ont point, ou enfin elles veulent qu'on ne soit occupé que du bien qu'elles peuvent faire et qu'on n'ait que du mépris pour les autres. C'est ainsi que le pharisien n'attribue qu'à lui seul le mérite de ses bonnes oeuvres.
  • Saint Augustin
    Mais voici que le publicain qui était près de lui, devient pour lui l'occasion d'un plus grand orgueil: «De ce que je ne suis pas comme ce publicain», comme s'il disait: Je suis seul de mon côté, celui-ci est du reste des hommes.
  • Saint Jean Chrysostome
    Le genre humain tout entier n'avait pu assouvir ce désir de mépris, il faut qu'il s'attaque à ce publicain. Son péché eût été moins grand s'il eût excepté le publicain; mais au contraire, d'une seule parole il s'en prend aux absents, et rouvre les blessures de celui qu'il a sous les yeux. Or, l'action de grâces n'est pas une invective contre le prochain, si vous rendez sérieusement grâces à Dieu, ne vous occupez que de lui seul, sans tourner vos regards du côté des hommes pour condamner votre prochain.
  • Saint Basile
    L'orgueilleux ne diffère de celui qui insulte que par l'extérieur; celui-ci abaisse les autres par ses outrages, celui-là s'élève au-dessus par les efforts présomptueux de son âme.
  • Saint Jean Chrysostome
    Or, celui qui outrage son prochain, se nuit considérablement en même temps qu'il fait beaucoup de mal aux autres. D'abord il rend plus mauvais celui qui l'écoute. Est-il pécheur, il est dans la joie d'avoir trouvé un complice de ses péchés. Est-il juste, les fautes des autres le portent à avoir de lui une meilleure opinion. Secondement, il fait tort à la société de l'Église, car ceux qui sont témoins de ces outrages, ne blâment pas seulement celui qui s'en rend coupable, mais ils comprennent la religion chrétienne elle-même dans leur condamnation et leurs mépris. Troisièmement, il est cause que la gloire de Dieu est blasphémée, car nos péchés font blasphémer le nom de Dieu, de même que nos bonnes oeuvres le font glorifier. Quatrièmement, il couvre de confusion celui à qui s'adressent les outrages, le rend plus inconsidéré et s'en fait un ennemi. Cinquièmement, il se rend digne de châtiment pour avoir proféré des paroles outrageantes et coupables.
  • Théophylactus
    Mais il ne suffit pas d'éviter le mal, il faut encore faire le bien. Aussi après avoir dit: «Je ne suis pas comme le reste des hommes, voleurs, injustes, adultères»; il ajoute par opposition: «Je jeûne deux fois la semaine», (dans le sabbat). Les Juifs donnaient à la semaine le nom de sabbat, de son dernier jour qui était un jour de repos. Or, les pharisiens jeûnaient le second et le cinquième jour. Ce pharisien oppose donc ses jeûnes à la passion de l'adultère, car la dissolution vient de la sensualité. Aux voleurs et à ceux qui commettent des injustices, il oppose le paiement fidèle de la dîme: «Je donne la dîme de tout ce que je possède», comme s'il disait: Je suis si éloigné des rapines et des injustices, que je distribue mon propre bien.
  • Saint Grégoire le Grand
    C'est ainsi que par son orgueil, ce pharisien a ouvert la cité de son coeur aux ennemis qui l'assiégeaient; vainement il l'a fermée par les jeûnes et la prière, vainement il a fortifié tous les autres côtés, puisqu'il a laissé sans défense l'endroit ouvert par lequel l'ennemi peut entrer dans la place.
  • Saint Augustin
    Cherchez dans ses paroles, vous n'en trouverez aucune qui soit l'expression d'une prière à Dieu. Il était monté au temple pour prier, mais au lieu de prier effectivement, il a préféré se louer lui-même et insulter celui qui priait. Quant au publicain, le sentiment de sa conscience le tenait éloigné, mais sa piété le rapprochait de Dieu: «Le publicain se tenant éloigné», etc.
  • Théophylactus
    Bien que le publicain nous soit représenté comme se tenant debout, il différait cependant du pharisien par son langage autant que par son attitude et le repentir de son âme. Il n'osait lever les yeux vers le ciel, il les jugeait indignes de contempler les choses d'en haut, parce qu'ils avaient préféré regarder et chercher les choses de la terre. Il frappait encore sa poitrine, comme le remarque le Sauveur, meurtrissant pour ainsi dire son coeur pour le punir de ses mauvaises pensées et le réveiller de son sommeil. Aussi n'a-t-il recours qu'à la miséricorde de Dieu: «Mon Dieu, ayez pitié de moi, qui ne suis qu'un pécheur».
  • Saint Jean Chrysostome
    Il a entendu le pharisien dire: «Je ne suis pas comme ce publicain»; loin d'en concevoir de l'indignation, il s'en humilié avec compassion; le pharisien a découvert la blessure, il en cherche la guérison. Que personne donc ne prononce cette froide parole: Je n'ose, j'ai trop de honte, je ne puis ouvrir la bouche. Cette crainte est diabolique, le démon veut vous fermer les portes qui donnent accès auprès de Dieu.
  • Saint Augustin
    Pourquoi vous étonner que Dieu pardonne au publicain, puisqu'il se juge lui-même? Il se tenait éloigné, mais néanmoins il s'approchait de Dieu, et le Seigneur était près de lui attentif à ses paroles, car le Dieu très-haut abaisse ses regards sur les humbles. Il ne levait pas les yeux vers le ciel, il ne regardait point pour mériter d'être regardé. Sa conscience l'accablait, l'espérance le relevait, il frappait sa poitrine, il se punissait lui-même; aussi le Seigneur lui pardonnait-il les péchés qu'il confessait si humblement. Vous avez entendu l'orgueilleux accusateur, vous avez entendu l'humble coupable, écoutez maintenant la sentence du juge: «Je vous le dis, celui-ci s'en retourna justifié dans sa maison, et non pas l'autre».
  • Saint Jean Chrysostome
    Cette parabole nous représente deux chars et deux conducteurs dans une arène, l'un porte la justice unie à l'orgueil, l'autre le péché avec l'humilité; et vous voyez le char du péché dépasser celui de la justice, non par ses propres forces, mais par la vertu de l'humilité qui lui est unie, tandis que le char de la justice reste en arrière, retardé non par la faiblesse de la justice, mais par la masse pesante de l'orgueil. En effet, de même que l'humilité par son élévation et son excellence triomphe du poids du péché, et s'élance pour atteindre Dieu; ainsi l'orgueil par sa masse pesante entrave facilement la marche de la justice. Ainsi quand vous auriez fait un grand nombre d'actions vertueuses, si elles sont pour vous un sujet de vaine présomption, vous avez perdu tout le frui t de votre prière, elle est tout à fait stérile pour vous. Au contraire, votre conscience fût-elle chargée d'une multitude innombrable de fautes, si vous vous estimez le dernier de tous, vous pourrez vous présenter devant Dieu avec une grande confiance. Notre-Seigneur donne la raison de la sentence qu'il vient de prononcer «Car quiconque s'exalte sera humilié, et quiconque s'humilie sera exalté». Le nom d'humilité s'applique à plusieurs choses toutes différentes. Il y a la vertu d'humilité que nous voyons dans ces paroles: «Mon Dieu, vous ne rejetterez pas un coeur contrit et humilié» ( Ps 50); il y a l'humilité produite par les tribulations: «Il a humilié mon âme jusqu'à terre» ( Ps 142). Il y a l'humilité ou l'humiliation qui est la suite du péché, de l'orgueil, du désir insatiable des richesses, car quelle humiliation plus profonde que celle de ces hommes qui se rendent esclaves, qui s'abaissent et s'avilissent dans la recherche des honneurs et des richesses, et qu iles regardent comme le comble de la grandeur?
  • Saint Basile
    Il y a aussi une fierté louable, c'est celle de l'âme qui dédaigne de penser aux choses de la terre, et qui s'élève avec noblesse jusqu'à la hauteur de la vertu. Cette grandeur d'âme consiste à dominer les chagrins, à faire preuve de courage dans les tribulations, à mépriser toutes les choses de la terre, pour penser à celles du ciel. Cette grandeur de l'âme diffère autant de la hauteur qui est le produit de l'orgueil, que l'embonpoint d'un corps bien portant diffère de l a grosseur qui vient de l'hydropisie.
  • Saint Jean Chrysostome
    Ce faste orgueilleux peut précipiter du ciel celui qui s'y abandonne, de même que l'humilité peut retirer le pécheur de l'abîme de ses crimes. C'est elle qui a justifié le publicain de préférence au pharisien, c'est elle qui a conduit dans le paradis le bon larron avant les apôtres eux-mêmes, tandis que l'orgueil étant entré dans l'esprit des puissances célestes ( Ep 2, 12), a été la cause de leur perte. Or, si l'humilité jointe au péché marche si rapidement qu'elle dépasse la justice qui est unie à l'orgueil, quelle ne sera pas la rapidité de sa course, si vous l'unissez à la justice? Elle se présentera avec confiance devant le tribunal de Dieu au milieu de l'assemblée des anges. Mais d'un autre côté, si l'orgueil joint à la justice peut ainsi l'abaisser, dans quel abîme nous précipitera-t-il, s'il est uni au péché? Je parle de la sorte, non pour nous faire négliger la pratique de la justice, mais pour nous faire éviter l'orgueil.
  • Théophylactus
    On s'étonnera peut-être que ce peu de paroles dites à sa louange ait suffi pour faire condamner le pharisien, tandis que Job qui fit plusieurs discours pour se justifier, fut récompensé de Dieu. Nous répondrons que le pharisien en se vantant de ses bonnes oeuvres, accusait les autres sans motif aucun, tandis que Job accusé par ses amis, et pressé par la souffrance fut forcé de faire l'énumération de ses vertus dans l'intérêt de la gloire de Dieu, et afin que les hommes ne fussent point découragés.
  • Bède le Vénérable
    Dans le sens figuré, le pharisien représente le peuple des Juifs, qui fier de la justice qui vient de la loi exalte bien haut ses mérites; le publicain représente le peuple des Gentils, qui se tient éloigné de Dieu, et confesse humblement ses péchés; l'orgueil de l'un fut cause de son humiliation, et les humbles gémissements de l'autre lui méritèrent de s'approcher de Dieu et la grâce d'une élévation sans égale.

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Les textes des Évangiles sont tirés de la Bible catholique Crampon
Les textes des commentaires sont une traduction par l’Abbé J-M Peronne, Louis Vivès éditeur, 9 rue Delambre, 1868

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