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Évangile :
Chapitre :
Verset :

Matthieu 25, 46

46Et ceux-ci s'en iront au supplice éternel, et les justes à la vie éternelle. " 
  • Saint Augustin
    Il en est qui cherchent a se tromper eux-mêmes, en soutenant que c'est le feu et non pas le supplice, que Notre-Seigneur déclare être éternel, et c'est en prévision de cette erreur qu'il conclut en ces termes: «Et ceux-ci iront dans le supplice éternel, et les justes dans la vie éternelle». Remarquez que précédemment ce n'est qu'après avoir dit aux élus: «Venez les bénis de mon Père»,qu'il adresse aux réprouvés ces terribles paroles: «Retirez-vous maudits», parce qu'il est dans la nature d'un Dieu bon de se rappeler les bonnes oeuvres des justes avant les crimes des méchants; ici, au contraire, il prédit le supplice des méchants avant la récompense des bons, pour nous faire éviter les malheurs qui doivent nous inspirer d'abord une crainte salutaire avant que nous désirions les biens qui doi vent nous combler d'honneur et de gloire.
  • Saint Grégoire le Grand
    Si le châtiment de celui qui est accusé de n'avoir pas donné son bien est si grand, que sera le supplice infligé à celui qui sera convaincu d'avoir pris le bien des autres ?
  • Saint Augustin
    Or, la vie éternelle est notre souverain bien, et la fin de la Cité de Dieu, dont l'Apôtre a dit: «La fin, c'est la vie éternelle» ( Rm 6,22 ). Mais comme ceux qui ne sont pas familiarisés avec le langage des saintes Écritures pourraient aussi entendre la vie éternelle de la vie des méchants, parce que leur âme est immortelle, ou à cause des supplices sans fin dont leur impiété est punie, on doit, pour être compris de tous, dire que la fin de cette cité dans laquelle on jouira du souverain bien, est la paix dans la vie éternelle, ou la vie éternelle dans la paix.
  • Saint Augustin
    Ce que Dieu disait de lui-même à son serviteur Moïse: «Je suis celui qui suis» ( Ex 3,14 ), c'est ce que nous contemplerons en vivant éternellement, comme Notre-Seigneur lui-même le déclare: «La vie éternelle, c'est de vous connaître, vous le seul Dieu véritable»; car cette vue de Dieu nous est promise comme la fin de toutes nos oeuvres, et le complément éternel de toutes nos joies, et c'est d'elle que saint Jean a voulu parler, lorsqu'il disait: «Nous le verrons tel qu'il est» ( 1Jn 3,2 ).
  • Saint Jérôme
    Remarquez, sage lecteur, que les supplices sont éternels, et que la vie éternelle n'a plus à craindre désormais d'épreuves fâcheuses.
  • Saint Grégoire le Grand
    Mais, dit-on, c'est une simple menace que Dieu fait aux pé cheurs pour les arrêter dans le chemin du vice. Si Dieu, répondrons-nous, a menacé de châtiments imaginaires pour retirer les pécheurs de l'iniquité, il a promis également des récompenses mensongères pour exciter à la pratique de la vertu; et c'est ainsi qu'en s'efforçant de défendre la miséricorde de Dieu, ils ne craignent pas de détruire ouvertement sa vérité. Mais, dira-t-on encore, une faute finie ne peut-être punie par un supplice infini? Nous répondrons que ce raisonnement serait juste, si le juste juge examinait et pesait seulement les actions des hommes, et non pas leurs coeurs et leurs intentions. La justice fait donc un devoir à ce juge équitable de ne laisser jamais sans supplice des âmes qui, en ce monde, n'ont voulu rester aucunement sans péché.
  • Saint Augustin
    Sous aucune législation, la justice ne s'attache à proportionner la durée du châtiment à la durée du crime. Jamais personne n'a soutenu, par exemple, que la peine qui punit l'homicide ou l'adultère, ne dût pas se prolonger au delà du temps qu'ont duré ces crimes. Lorsqu'un homme est condamné à mort pour quelque grand crime, est-ce que les lois mesurent sa punition sur le temps que dure son supplice? et n'est-ce pas plutôt parce que la mort le retranche pour toujours de la société humaine? Et d'ailleurs, la confiscation, la flétrissure, l'exil, l'esclavage, lorsque toutes ces peines sont appliquées dans toute leur rigueur et sans aucun adoucissement, ne sont-elles pas semblables aux peines éternelles, autant qu'elles peuvent l'être en cette vie? si elles ne sont pas éternelles, c'est que la vie elle-même qu'elles atteignent ne dure pas éternellement. Mais, ajoute-t-on, où est la vérité de cette parole de Jésus-Christ: «Vous serez mesurés avec la même mesure dont vous vous serez servis à l'égard des autres» ( Mt 7,2 ). Si un péché qui n'a duré qu'un instant est puni par un supplice éternel? Nous répondons qu'en parlant de la sorte, on ne fait pas attention que cette même mesure, dont parle le Sauveur, doit s'entendre non pas d'une peine égale en durée à la faute, mais de la peine elle-même qui, par une juste réciprocité, sera le châtiment du mai qu'on aura fait aux autres. Or, l'homme s'est rendu digne d'un mal éternel pour avoir détruit en lui-même un bien qui le pou vait être.
  • Saint Grégoire le Grand
    On fait une nouvelle objection: il n'y a pas d'homme juste qui puisse se complaire dans des cruautés gratuites, et si un maître qui est juste, fait battre de verges son serviteur coupable, c'est pour le corriger de ses vices, mais quel sera le but de ces feux éternels dans lesquels les méchants seront éternellement consumés? Nous répondons que le Dieu tout-puissant ne peut se repaître des tourments des malheureux, parce qu'il est miséricordieux, ni être apaisé par le supplice des coupables, parce qu'il est juste; mais une des fins pour lesquelles les méchants seront brûlés éternellement, c'est afin que les justes se reconnaissent éternellement d'autant plus redevables à la grâce divine, en voyant punies pour l'éternité des fautes que le secours de la grâce leur a fait éviter.
  • Saint Augustin
    Mais, ajoute-t-on encore, Dieu n'a créé aucun corps qui soit sujet à la souffrance, sans être sujet à la mort. Nous répondons qu'il est nécessaire qu'il vive pour souf frir, mais qu'il n'est pas nécessaire que la souffrance lui ôte la vie. Est-ce que toute souffrance donne actuellement la mort à nos corps qui sont cependant mortels? Il est en effet des dou leurs qui produisent cet effet, mais la cause en est que l'union actuelle de l'âme avec le corps ne peut résister, et cède devant des souffrances excessives. Mais alors, la nature du corps au quel l'âme sera unie, et les liens eux-mêmes qui établiront cette union seront à l'épreuve de toutes les douleurs. On ne peut pas dire qu'il n'y aura plus alors de mort; mais la mort sera éternelle, parce que l'âme ne pourra vivre privée de Dieu, et qu'elle ne pourra échapper par la mort aux douleurs du corps. Parmi ceux qui ont nié l'éternité des peines de l'enfer, le plus mi séricordieux est Origène qui a cru que le démon lui-même et ses anges, après de rigoureux et longs supplices proportionnés à leurs fautes, obtiendraient leur délivrance, et rentreraient dans la société des saints anges. Mais l'Église l'a condamné avec raison pour cette erreur et d'autres encore; et il perdit jusqu'à ces faux dehors de miséricorde en créant aux saints de véritables souffrances, qui seraient pour eux des châtiments expiatoires, et une félicité mensongère, où leur joie n'aurait aucune sécurité, parce qu'elle ne serait point éternelle. Mais une erreur bien différente, et qui part toujours d'un faux sentiment de compassion, est celle qui prétend que les souffrances des hommes condamnés dans ce jugement n'auront qu'un temps, et qu'après avoir été délivrés tôt ou tard, ils jouiront d'un bonheur éternel. Mais pourquoi cette miséricorde, qui se répand sur toute la nature humaine, se tarit-elle aussitôt qu'elle arrive à la nature angélique?
  • Saint Grégoire le Grand
    Mais comment, objecte-t-on encore, peut-on croire à la sainteté de ceux qui ne prieront point pour leurs ennemis qu'ils verront alors la proie des flam mes? Les saints prient pour leurs ennemis, tant que leurs prières peuvent amener leurs coeurs à un repentir utile et salutaire, mais pourquoi prieraient-ils pour ceux qui ne peuvent plus en aucune façon être séparés de l'iniquité ?
  • Saint Augustin
    Il en est d'autres encore qui promettent la délivrance des peines éternelles, non pas à tous les hommes indistinctement, mais seulement à ceux qui ont été justifiés par le baptême de Jésus-Christ, et qui participent à son corps, quelle qu'ait été d'ailleurs leur vie; et ils se fondent sur les paroles du Seigneur: «Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement». Il en est d'autres qui font cette promesse, non pas à tous ceux qui ont participé au sacrement du Christ, mais aux seuls catholiques, bien que leur vie soit ré préhensible, et cela parce qu'ils ont mangé en réalité le corps de Jésus-Christ, en faisant partie de son corps mystique qui est l'Église; et ils leur garantissent ce bonheur quand même ils se raient tombés plus tard dans l'hérésie ou dans l'idolâtrie. Il en est encore qui s'appuient sur ces paroles du Sauveur: «Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, sera sauvé» ( Mt 24,13 ), pour promettre exclusivement le bonheur éternel à ceux qui persévéreront dans l'Église catholique, quoiqu'ils y vivent d'une manière déréglée, parce que, disent-ils, en vertu du fondement de la foi qu'ils auront conservée, ils seront sauvés par le feu ( 1Co 3,15 ) qui doit devenir le supplice des méchants au dernier jour. Mais l'Apôtre condamne toutes ces erreurs par ces paroles: «Il est aisé de connaître les oeuvres de la chair qui sont l'impureté, la forni cation, et autres crimes semblables, et je déclare que ceux qui les commettent, ne posséderont pas le royaume de Dieu» ( Ga 5,21 ). Si quelqu'un, en effet, préfère les choses de la terre à Jésus-Christ, bien qu'il paraisse avoir la foi de Jésus-Christ, Jésus-Christ n'est cependant pas le fondement ( 1Co 3,11 ) de ses oeuvres, puisqu'il lui préfère des biens périssables; mais s'il fait plus, et qu'il commette l'iniquité, ce n'est plus seulement le second rang, mais le dernier, qu'il donne à Jésus-Christ. J'en ai rencontré aussi qui pensent que la peine des flammes éternelles n'atteindra que ceux qui auront omis d'expier leurs péchés par de dignes aumônes; c'est pour cela, disent-ils, que le souverain juge n'a voulu rappeler au jugement dernier que les aumônes qui ont été faites ou omises. Mais celui qui expie ses péchés par des aumônes proportionnées à ses fautes, devrait commencer par se faire l'aumône à lui-même; car c'est une indignité que de se refuser à soi-même ce qu'il accorde à son prochain, lorsqu'il entend le Seigneur lui dire: «Vous aimerez votre prochain comme vous-même», et encore: «Ayez pitié de votre âme, en vous efforçant de plaire à Dieu». Or, comment peut-on dire qu'il expie dignement ses péchés par ses aumônes, lui qui ne fait point à son âme l'aumône de plaire à Dieu? Il faut donc faire des aumônes pour nous rendre Dieu favorable lorsque nous le prions de nous pardonner nos péchés passés, mais non pas dans la pensée que nous pouvons persévérer dans ces mêmes pé chés, et que nous achetons par nos aumônes la liberté de faire le mal. Et si le Seigneur promet qu'il placera à sa droite ceux qui ont fait l'aumône, et à sa gauche ceux qui ont négligé ce devoir de charité, c'est qu'il veut nous apprendre toute la puissance de l'aumône pour effacer les péchés passés, mais non pas assurer à jamais l'impunité de ceux que l'on pourrait commettre.
  • Origène
    Ou bien, l'on peut dire que le Seigneur ne récompense pas ici une seule espèce de justice, comme plusieurs le pensent; car quelque soit le précepte de Jésus-Christ qu'on accomplisse, on apaise la faim et la soif de Jésus-Christ, qui se nourrit et s'abreuve de la justice, et de la vérité des fidèles De même nous couvrons de vêtements les membres glacés de Jésus-Christ, lorsque nous prenons le tissu de la sagesse, pour enseigner aux autres la saine doctrine et les revêtir des entrailles de la miséricorde. Lorsque nous ornons notre coeur des différentes vertus chrétiennes pour recevoir Jésus-Christ ou ceux qui lui appartiennent, c'est Jésus-Christ voyageur que nous recevons dans la demeure de notre âme. Lorsque nous visitons un frère in firme dans la foi ou dans les bonnes oeuvres, soit par la parole qui enseigne, soit par la répri mande, soit parla consolation, c'est Jésus-Christ lui-même que nous visitons. Enfin toute la terre est une véritable prison pour Jésus-Christ et pour ceux qui lui appartiennent, et qui, pen dant cette vie, sont comme des prisonniers enchaînés dans les nécessités de la nature humaine. Toutes les fois donc que nous faisons du bien à nos frères, nous les visitons dans leur prison, et Jésus-Christ dans leur personne.

Ce site veut vous aider à mieux comprendre les Évangiles grâce aux précieux commentaires des Pères de l'Église. Ces commentaires proviennent d'aussi loin que le IIIe siècle, jusqu’à leur compilation par saint Thomas d’Aquin dans un ouvrage intitulé la Chaîne d’or (Catena aurea) au XIIIe siècle.

Les textes des Évangiles sont tirés de la Bible catholique Crampon
Les textes des commentaires sont une traduction par l’Abbé J-M Peronne, Louis Vivès éditeur, 9 rue Delambre, 1868

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