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Matthieu 23, 32 - 36

32Comblez donc la mesure de vos pères ! 33Serpents, engeance de vipères, comment éviterez-vous d'être condamnés à la géhenne? 34C'est pourquoi voici que je vous envoie prophètes, docteurs et scribes. Vous en tuerez et crucifierez, vous en flagellerez dans vos synagogues, vous en persécuterez de ville en ville, 35afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le sanctuaire et l'autel. 36En vérité, je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération. 
  • Saint Jean Chrysostome
    Après avoir reproché aux scribes et aux pharisiens d'être les enfants de ceux qui ont tué les prophètes, il leur prouve maintenant qu'ils leur sont égaux en malice, et que c'était un mensonge de dire qu'ils n'auraient point participé à leurs oeuvres, s'ils avaient vécu de leur. temps: «Achevez de combler la mesure de vos pères», paroles qui ne renfer ment pas un ordre, mais qui sont une simple prédiction de ce qui doit arriver.
  • Saint Jean Chrysostome
    Il leur prophétise donc qu'à l'exemple de leurs pères, qui ont versé le sang dés prophètes, ils mettront à mort eux-mêmes le Christ, les apôtres et les autres saints. C'est ainsi que, dans une dispute avec un ennemi, si vous lui dites: «Faites-moi tout le mal que vous voulez me faire», ce n'est pas un ordre, mais une preuve que vous comprenez ses desseins. Or, quant à l'accomplissement de cette prophétie, les Juifs ont, eu réalité, dépassé la mesure de leurs pères, qui n'avaient mis à mort que des hommes, tandis qu'eux, au contraire, ont crucifié un Dieu. Mais, comme il a subi volontairement la mort qu'il avait choisie, il ne leur en fait point un crime, il ne leur reproche que la mort des apôtres et des autres saints. Aussi il ne leur dit pas: «Dépassez», mais «Comblez la mesure de vos pères», car, un juge également juste et bon méprise les outrages dont il est l'objet, pour ne venger que les injustices commises à l'égard des autres.
  • Origène
    Ils remplissent encore la mesure des iniquités de leurs pères, par cela seul qu'ils ne croient pas eu Jésus-Christ. Or, la cause de leur incrédulité fut qu'ils ne s'attachèrent jamais qu'au sens littéral et historique des Écritures, sans vouloir reconnaître le sens spirituel qu'elles renfermaient.
  • Saint Hilaire
    C'est parce qu'ils doivent combler la mesure des desseins criminels de leurs pères que le Sauveur les appelle des serpents et une race de vipères «Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous d'être condamnés au feu de l'enfer ?»
  • Saint Jérôme
    Jean-Baptiste leur avait déjà tenu le même langage ( Mt 3,7 Lc 3,7 ). De même, leur dit-il, que des vipères naissent d'autres vipères; ainsi, vous êtes nés homicides de pères également homicides.
  • Saint Jean Chrysostome
    Il les appelle «Races de vipères», parce qu'il est dans la nature des vipères de venir au jour en déchirant le sein de leurs mères, et qu'ainsi font les Juifs, qui con damnent toujours leurs pères et blâment leur conduite. Il leur demande donc: «Comment évi terez-vous d'être condamnés au feu de l'enfer ?» Est-ce en élevant des tombeaux aux Saints? Mais, le premier degré de la piété, c'est d'aimer la sainteté, et après cela, les saints; et c'est inutilement qu'on veut honorer les justes en méprisant la justice, car les saints ne peuvent ac corder leur amitié à ceux que Dieu re garde comme ses ennemis. Serait-ce le vain nom que vous portez qui vous délivrera, parce que vous faites partie du peuple de Dieu? Mais je pense, quant à moi, qu'un ennemi déclaré vaut mieux qu'un faux ami; ainsi Dieu a-t-il plus en horreur celui qui se proclame son serviteur et qui obéit à la volonté du démon.
  • Saint Jean Chrysostome
    Devant Dieu, celui qui se prépare à commettre un homicide est déjà réellement homicide avant qu'il ait consommé son crime, car c'est la volonté que Dieu récompense ou punit, pour le bien ou pour le mal qu'elle veut faire; les oeuvres ne sont que le témoignage de la volonté, et Dieu les exige, non pas qu'il en ait besoin pour motiver son jugement, mais pour les hommes, afin que tous comprennent qu'il est juste dans ses jugements. Or, Dieu fournit aux méchants l'occasion de pécher, non pour les forcer à mal faire, mais pour dévoiler aux yeux des hommes leur iniquité; et il ménage également aux bons l'occasion de faire le bien pour faire connaître la pureté de leurs intentions est ainsi qu'il donne aux scribes et aux pharisiens l'occasion de révé ler leurs mauvais desseins, et voilà pourquoi il conclut en ces termes: «C'est pour cela que je vais vous envoyer des prophètes, et des sages, et des scribes».
  • Saint Hilaire
    C'est-à-dire les apôtres, car ils sont prophètes par la révélation que Dieu leur fait des événements à venir; sa ges par la connaissance qu'ils ont de Jésus-Christ; scribes par leur intelligence de la loi.
  • Saint Jérôme
    Ou bien, il faut voir ici les différentes grâces que Dieu répandit sur les disciples de Jésus-Christ, et que l'Apôtre énumère dans son épître aux Corinthiens ( 1Co 12,8-10 ). Les uns sont prophètes et prédisent l'avenir; les autres sages, parce qu'ils savent le moment où il doivent parler; les autres scribes, c'est-à-dire très-instruits dans la loi. De ce nombre fut Etienne, lapi dé par les Juifs; Paul, qui périt par le glaive; Pierre, qui fut crucifié, et les disciples qui furent battus de verges, comme nous lisons dans les Actes, et que les Juifs poursuivirent de ville en ville en les chassant de la Judée, et les forçant de passer chez les Gentils.
  • Origène
    Ou bien encore, les scribes que Jésus-Christ envoie sont ceux que l'esprit de l'Évangile vivifie et que la lettre ne tue pas comme la lettre de la loi ( 2Co 3,6 ), qui fait tomber ceux qui la suivent dans de vaines superstitions. Or, le simple récit de l'Évangile suffit pour conduire au salut. Les scribes de la loi flagellent par leurs attaques les scribes de l'Évangile dans leurs synagogues, tandis que les hérétiques, qui sont les pharisiens spirituels, flagellent les chrétiens de leurs lan gues, et les persécutent de ville en ville d'une persécution tantôt extérieure, tantôt spirituelle, en s'efforçant de les chasser des livres des prophètes, de ceux de la loi et de l'Évangile, comme d'une cité qui leur appartient.
  • Saint Jean Chrysostome
    Il leur montre ensuite que ces crimes ne demeureront pas impunis, et leur imprime une crainte indicible par les paroles qui suivent: «Afin que tout le sang innocent qui a été répandu retombe sur vous»,etc.
  • Rabanus Maurus
    C'est-à-dire toute la vengeance que réclame le sang des justes qui a été répandu.
  • Saint Jérôme
    il est hors de doute que cet Abel soit celui qui a été tué par son frère Cain, et à la justice duquel non-seulement le Sauveur, mais le récit de la Genèse, rendent témoignage. Mais quel est ce Zacharie, fils de Barachie, car nous trouvons dans l'Écriture un grand nombre de personnes qui portent le nom de Zacharie? Pour nous prémunir ici contre toute erreur volontaire, Notre-Seigneur ajoute: «Que vous avez tué entre le temple et l'autel». Or, les uns pensent que ce Zacharie est le onzième des douze petits prophètes, et le nom de son père est favorable à cette opinion. Mais l'Écriture ne nous dit pas dans quelle circonstance il a été tué entre le temple et l'autel, d'autant plus que de son temps il restait à peine quelques ruines du temple. D'autres veulent que ce soit Zacharie, père de Jean-Baptiste.
  • Origène
    Une tradition qui est venue jusqu'à nous, nous apprend qu'il y avait dans le temple un lieu où il était permis aux vierges de venir adorer Dieu, mais où l'on ne permettait pas d'entrer à celles qui avaient été dans les liens du mariage. Or, lorsque Marie entra dans le temple pour y prier après la naissance du Sauveur, elle se tint dans l'endroit réservé aux vier ges; ceux qui savaient qu'elle était devenue mère voulurent l'en empêcher, mais Zacharie leur répondit qu'elle était digne d'occuper la place des vierges, puisqu'elle était encore vierge. Ils l'accusèrent donc d'agir ouvertement contre la loi, et le tuèrent entre le temple et l'autel, et c'est ainsi que Notre-Seigneur peut dire en toute vérité à ceux qui étaient présent: «Que vous avez tué»,etc.
  • Saint Jérôme
    Cette explication, toutefois, n'étant pas appuyée sur l'autorité de l'Écriture, peut être rejetée aussi facilement qu'on l'admet. D'autres prétendent qu'il s'agit de Zacharie qui fut tué par Joas, roi de Juda, entre le temple et l'autel, c'est-à-dire dans le parvis; mais il faut remarquer que ce Zacharie ne fut pas fils de Barachias, mais du grand-prêtre Joia das. Barachias, dans la langue hébraïque, veut dire le béni du Seigneur, tandis que le nom de Joiadas signifie, en hébreu, la justice. On lit cependant dans l'Évangile dont se servent les Na zaréens, fils de Joiadas, au lieu de fils de Barachias.
  • Saint Rémi
    Mais pourquoi le Sauveur n'a-t-il parlé que du sang répandu jusqu'à Zacharie, alors que les Juifs répandirent ensuite le sang d'un si grand nombre de saints? En voici la raison: «Abel, pasteur de troupeaux, fut tué au milieu des champs; Zacharie, qui était prêtre, fut mis à mort entre le temple et l'autel», et le Seigneur choisit ces deux personnages, parce qu'ils représentent tous les saints martyrs appartenant soit à l'ordre des laïques, soit à celui des prêtres.
  • Saint Jean Chrysostome
    Il fait encore mention d'Abel pour montrer aux Juifs que c'est aussi par une noire envie qu'ils mettraient à mort le Christ et ses disciples, et il rappelle le meurtre de Zacharie, parce que dans ce meurtre se trouve réuni le double crime d'avoir été commis sur la personne d'un homme juste, et dans le lieu saint.
  • Origène
    Le nom de Zacharie signifie souvenir de Dieu, celui donc qui cherche à éteindre le souvenir de Dieu dans l'âme de ceux qu'il scandalise, répand en quelque so rte le sang de Zacharie, fils de Barachie; car c'est par la bénédiction de Dieu que nous conservons le souvenir de Dieu. Les impies anéantissent encore le souvenir de Dieu toutes les. fols que le temple de Dieu est déshonoré par le liberti nage, et que son autel est souillé par l'indignité des prières qu'on y offre. Abel signifie deuil, celui donc qui ne croit pas à cette parole: «Heureux ceux qui pleurent», répand le sang d'Abel, c'est-à-dire rejette cette vérité que les larmes sont salutaires. Il en est, en effet, qui répandent la vérité des Écritures comme s'ils en répandaient le sang; car toute Écriture qui n'est point comprise dans son sens véritable est une Écriture morte.
  • Saint Jean Chrysostome
    Or, afin de leur enlever toute excuse et tout prétexte de dire: Nous avons été scandalisés de ce que vous avez envoyé les Apôtres aux nations, le Sauveur leur prédit qu'il leur enverra ses disciples, et il fait allusion à la vengeance que Dieu tirera de leur mort en ajoutant: «Je vous le dis en vérité, toutes ces choses viendront sur cette génération», etc.
  • La Glose
    Cette prédiction ne s'adresse pas seulement à la génération présente, mais à la génération des méchants toute entière dans le passé comme dans l'avenir, parce que tous ne forment qu'une seule cité et qu'un seul corps, la cité et le corps du démon.
  • Saint Jérôme
    C'est un principe dans l'Écriture d'admettre deux générations: celle des bons et celle des mé chants. Elle dit de la première ( Ps 62 ): «La génération des justes sera bénie »; et dans ce passage, la génération des méchants est appelée génération de vipères. Ceux donc qui se rendi rent coupables contre les Apôtres des mêmes crimes qu'avaient commis Caïn et Joas, sont compris dans la même génération.
  • Saint Jean Chrysostome
    Ou bien dans un autre sens, comme le supplice de l'enfer, dont le Seigneur les menaçait, devait tarder encore quelque temps, il les menace de châtiments immédiats en leur disant: «Tout cela viendra sur cette race qui est aujourd'hui».
  • Saint Jean Chrysostome
    De même que toutes les grâces que les saints ont méritées dans chacune des générations qui se sont succédé depuis le commencement du monde, ont été accordées à ceux qui, dans ces derniers temps, ont reçu Jésus-Christ; ainsi tous les châtiments que les méchants ont mérités depuis le commencement du monde, sont venus fondre dans ces derniers temps sur les Juifs, parce qu'ils ont rejeté Jésus-Christ. Ou bien, de même que toute la justice réunie des saints qui ont précédé, et en général de tous les saints, n'a pu obtenir une si grande abondance de grâces que celle que Dieu a répandue sur les hom mes par Jésus-Christ; ainsi les péchés réunis de tous les impies n'ont point mérité d'aussi grands châtiments que ceux qui vinrent fondre sur les Juifs, tels que ceux que les Romains firent souffrir à ce malheureux peuple, et qui furent suivis d'une peine non moins terrible pour toutes les générations suivantes, celle d'être rejetées de Dieu jusqu'à la fin du monde, et d'âtre le jouet et la risée de tous les autres peuples. Car aussi, quel plus grand crime que de ne pas recevoir le Fils de Dieu qui venait à eux avec tant de miséricorde et d'humilité, mais de lui faire souffrir une mort aussi cruelle? Ou bien, lorsqu'une nation ou une cité se rend coupable, Dieu ne la punit pas aussitôt, mais il attend pendant plusieurs générations, et lorsqu'il a décrété de perdre cette cité ou cette nation, il semble la rendre responsable des péchés de toutes les géné rations précédentes, parce qu'elle souffre elle seule tout ce qu'ont mérité ces générations. C'est ainsi que la génération actuelle des Juifs paraît punie pour les crimes de ses ancêtres, bien qu'elle ne reçoive que le juste châtiment dû à ses propres crimes.
  • Saint Jean Chrysostome
    Celui qui a été témoin des prévarications d'un grand nombre, et qui, loin de devenir meilleur, retombe dans les mêmes fautes ou dans de plus graves encore, se rend digne de plus grands châtiments.

Ce site veut vous aider à mieux comprendre les Évangiles grâce aux précieux commentaires des Pères de l'Église. Ces commentaires proviennent d'aussi loin que le IIIe siècle, jusqu’à leur compilation par saint Thomas d’Aquin dans un ouvrage intitulé la Chaîne d’or (Catena aurea) au XIIIe siècle.

Les textes des Évangiles sont tirés de la Bible catholique Crampon
Les textes des commentaires sont une traduction par l’Abbé J-M Peronne, Louis Vivès éditeur, 9 rue Delambre, 1868

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