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Évangile :
Chapitre :
Verset :

Matthieu 22, 34 - 40

34Les Pharisiens, ayant appris que Jésus avait réduit au silence les sadducéens, se rassemblèrent. 35Et l'un d'eux, docteur de la loi, lui demanda pour l'embarrasser : 36" Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi? " 37Il lui dit : " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. 38C'est là le plus grand et le premier commandement. 39Un second lui est égal : Tu aimeras ton proche comme toi-même. 40En ces deux commandements tient toute la Loi, et les Prophètes. " 
  • Saint Jérôme
    Les pharisiens ayant été confondus dans la question du tribut, et voyant que la tenta tive coupable de leurs adversaires avait également échoué, auraient dû renoncer à tendre au Sauveur de nouvelles embûches; mais la malveillance et l'envie nourrissent et développent l'impudence, comme l'Évangéliste nous l'apprend: «Mais les pharisiens, ayant appris qu'il avait imposé silence», etc.
  • Origène
    Notre-Seigneur impose silence aux sadducéens pour montrer que l'éclat de la vérité réduit au silence la parole de mensonge. Car de même que c'est un des caractères du juste de se taire lorsque c'est le moment de se taire, et de parler lorsqu'il faut parler, mais de ne point garder un silence absolu, ainsi c'est le propre de tous les docteurs de mensonge de taire la vertu, sans pour cela garder le silence.
  • Saint Jérôme
    Les sadducéens et les pharisiens, qui sont divisés entre eux, se réunissent pour mettre Jésus à l'épreuve.
  • Saint Jean Chrysostome
    Ou bien, les pharisiens s'assemblent pour triompher par le nombre de celui qu'ils ne pouvaient vaincre par leurs raisons; en cherchant ainsi à se faire une arme de la multitude, ils avouèrent qu'ils étaient entièrement dépouillés de la vérité, car ils se disaient entre eux: «Qu'un seul parle pour nous tous, et nous le regarderons tous comme parlant en notre nom. S'il triomphe, nous paraîtrons tous triompher avec lui; s'il est confondu, lui seul en portera extérieurement la honte; c'est ce que l'Évangéliste exprime en ces termes: «Et l'un d'eux, qui était docteur de la loi, lui fit cette question», etc.
  • Origène
    Tout homme qui vient interroger un docteur, non dans le but de s'instruire, mais pour le tenter, est frère de ce pharisien, selon cette parole du Sauveur: «Ce que vous avez fait au moindre de ceux-ci qui sont à moi, c'est à moi que vous l'avez fait» ( Mt 25,40 ).
  • Saint Augustin
    Il ne faut pas s'étonner de ce que saint Matthieu nous dit que ce docteur fit à Jésus cette question pour le tenter, tandis que saint Marc ne parle point de cette circonstance, et conclut son récit en ces termes: «Jésus, voyant qu'il avait répondu sagement, lui dit: Vous n'êtes pas loin du royaume de Dieu». Car il est possible que ce doc teur soit venu avec l'intention de tenter Jésus, et que la réponse du Sauveur l'ait ramené à de meilleurs sentiments; ou, du moins, nous ne devons pas prendre ici le mot tenter dans cette mauvaise acception, que ce docteur était venu comme pour tromper un ennemi, mais plutôt pour éprouver un homme qu'il ne connaissait pas encore; car ce n'est pas sans raison qu'il est écrit: «Celui qui croit trop promptement est léger de coeur».( Qo 14) Or, voici la question qu'il lui fait: «Maître, quel est le grand commandement de la loi ?»
  • Origène
    C'est pour le tenter qu'il l'appelait Maître, car ce n'était pas comme disciple de Jésus-Christ qu'il lui donnait ce nom. Celui donc qui ne veut pas s'instruire à l'école du Verbe, qui ne se donne pas à lui de tout son coeur? et qui, cependant, l'appelle Maître, est frère du pharisien qui vint tenter Jésus. Il est vraisemblable qu'avant l'avènement du Sauveur, lorsqu'on lisait la loi, on demandait: Quel est le grand commandement de la loi? Car le pharisien n'aurait pas fait cette question si elle n'eût été parmi eux l'objet de longues discussions avant que Jésus-Christ ne l'eût résolue.
  • Saint Jean Chrysostome
    Ce docteur demandait quel était le grand commandement, lui qui n'observait même pas le plus petit. Or, on ne doit chercher à connaître les voies supérieures de la justice chrétienne que lorsqu'on en a franchi les premiers degrés.
  • Saint Jérôme
    Ou bien, on peut dire que la question qu'il fait ne s'étend pas à tous les commandements, mais n'a pour objet que ce seul point: Quel est le premier et le grand commandement? Car, tous les commande ments de Dieu étant également grands, quelle que soit la réponse du Sauveur, ce docteur trou vera occasion de le calomnier.
  • Saint Jean Chrysostome
    Mais le Seigneur lui répondit de manière à confondre, par ses pre mières paroles, l'hypocrisie qui lui avait dicté cette question: «Jésus lui répondit: Vous aime rez le Seigneur votre Dieu», etc. «Vous aimerez», lui dit-il, et non pas vous craindrez, car aimer c'est plus que craindre: aimer est le propre des enfants, craindre est le partage des es claves; la crainte est l'effet de la nécessité; l'amour s'exerce librement; celui qui sert Dieu par la crainte évite la peine, il est vrai, mais ne reçoit pas la récompense promise à la justice; car il fait le bien comme malgré lui, et sous l'impression de la crainte. Dieu ne veut donc pas que les hommes le craignent servilement comme un maître, mais qu'ils l'aiment comme un père qui leur a donné l'esprit d'adoption. Or, aimer Dieu de tout son coeur, c'est n'avoir dans son coeur aucune affection qui l'emporte sur l'amour de Dieu; aimer Dieu de toute son âme, c'est avoir un esprit solidement établi dans la vérité, et ferme dans la foi; car l'amour du coeur est tout différent de l'amour de l'âme; l'amour du coeur est en quelque sorte sensible, et nous fait aimer Dieu sensiblement, ce que nous ne pouvons faire qu'en détachant notre coeur de l'amour des choses de la terre. L'amour du coeur se fait donc sentir dans le coeur, tandis que l'amour de l'âme ne se sent pas, mais se comprend, parce qu'il consiste dans le jugement de l'âme. Car celui qui croit que Dieu renferme tout bien, et qu'en dehors de lui il n'existe aucun bien vérita ble, aime Dieu de toute son âme. Aimer Dieu de tout son esprit, c'est consacrer toutes ses fa cultés au service de Dieu; car celui dont l'intelligence obéit à Dieu, dont la sagesse a Dieu pour objet, dont la aime à s'occuper des choses de Dieu, dont la pensée conserve le souvenir des bienfaits de Dieu, celui-là aime Dieu de tout son esprit.
  • Saint Augustin
    Ou bien dans un autre sens, Dieu vous ordonne de l'aimer de tout votre coeur, en lui consacrant toutes vos pensées; de toute votre âme, en lui rapportant toute votre vie; de tout votre esprit, en dirigeant vers lui toutes les forces de votre intelligence, puisque c'est de lui que vous tenez tout ce que vous lui consacrez. Il n'a donc laissé aucune par tie de notre vie libre, et dont nous puissions disposer pour l'appliquer à un autre objet. Mais tout ce qui se présente d'ailleurs à notre affection, doit être emporté par l'élan de notre coeur dans le courant général de l'amour; car l'homme n'atteint vraiment la perfection, que lorsque toute sa vie se dirige vers le bien immuable.
  • La Glose
    Ou bien, vous aimerez Dieu de tout votre coeur, c'est-à-dire de toute votre intelligence; de toute votre âme, c'est-à-dire de toute votre volonté; de tout votre esprit, c'est-à-dire de toute votre mémoire, de manière que vous ne vouliez, que vous ne sentiez, que vous n'ayiez à la mémoire rien qui soit contraire à Dieu.
  • Origène
    Ou bien encore, vous aimerez Dieu de tout votre coeur, c'est-à-dire dans toute l'étendue de votre souvenir, de votre action, de votre pensée; de toute votre âme, c'est-à-dire que vous serez disposé à la sacrifier pour l'amour de Dieu; vous l'aimerez de tout votre esprit, en ne tenant jamais de dis cours qui ne se rapportent à Dieu. Or, voyez si vous ne pourriez entendre par le coeur, l'intelligence qui nous fait comprendre les choses intellectuelles, et par l'esprit, la faculté qui nous sert à les exprimer; car c'est par l'esprit que nous donnons une expression à toutes cho ses, et que nous parcourons chacune de ces choses qui reçoivent de notre esprit l'expression de leur réalité.
  • Origène
    Si le Sauveur n'avait pas fait cette réponse au pharisien qui le tentait, nous aurions pu croire que tous les commandements étaient égaux entre eux; mais en répondant nettement: «Tel est le premier et le plus grand commandement», il nous apprend à établir une gradation nécessaire entre les commandements, à commencer par le plus grand jusqu'aux commandements inférieurs, et de là jusqu'aux plus petits ( Mt 5,19 ). Notre-Seigneur déclare non-seulement que c'est là le grand commandement, mais encore que c'est le premier, non par le rang qu'il occupe dans la sainte Écriture, mais par la sublimité de la vertu qu'il a pour objet. Or, on ne peut entrer en participation de la grandeur et de la sublimité de ce commandement, qu'autant qu'on aime le Seigneur son Dieu, et qu'on l'aime de tout son coeur, etc. Le Seigneur ne s'est pas contenté de nous enseigner quel est le premier et le plus grand commandement, mais en core quel était le second, qu'il déclare semblable au premier. Il ajoute donc: «Et voici le se cond qui est semblable à celui-là Vous aimerez le prochain comme vous-même». S'il est vrai que celui qui aime l'injustice hait son âme ( Ps 11,5 ), il est clair qu'il aime le prochain comme soi-même, puisqu'il ne s'aime pas lui-même.
  • Saint Augustin
    Il est évident que par le prochain il faut entendre tout homme quel qu'il soit, puisqu'il nous est défendu de faire mal à qui que ce soit. Or, si tout homme, à qui nous devons rendre ou qui doit nous rendre à nous-mêmes les devoirs de la charité, est appelé avec raison notre prochain, il est certain que ce précepte, qui nous oblige à aimer le prochain, s'étend jusqu'aux anges qui exercent à notre égard, d'une manière si admirable, les devoirs de la miséricorde, comme il est si facile de s'en convaincre dans l'Écriture. C'est en vertu du même principe que Notre-Seigneur lui-même a voulu être appelé notre prochain, car il s'est personnifié lui-même dans le Samaritain qui porte secours à cet homme a rencontré à demi mort dans le chemin.
  • Saint Augustin
    Celui qui aime les hommes, doit les aimer ou parce qu'ils sont justes, ou pour les rendre justes; car il doit s'aimer lui-même ou parce qu'il est juste, ou afin de devenir juste. C'est ainsi qu'il pourra aimer le prochain comme lui-même, sans aucun danger.
  • Saint Augustin
    Si vous devez vous aimer vous-même, non pas pour vous, mais pour celui qui doit être la fin directe de votre amour, personne ne doit trouver mauvais que vous l'aimiez pour Dieu. Celui donc qui aime son prochain comme Dieu le commande, doit faire en sorte d'aimer aussi Dieu de tout son coeur.
  • Saint Jean Chrysostome
    Or, celui. qui aime l'homme est semblable à celui qui aime Dieu; car l'homme est l'image de Dieu, et c'est Dieu que nous aimons eu lui, comme nous honorons un roi dans l'image qui le représente, c'est pour cela que le Sauveur ajoute: «Voici le second qui est semblable au premier».
  • Saint Hilaire
    Ou bien encore, ce commandement est semblable au premier, en ce sens qu'il y a dans tous les deux égalité d'obligation et de mérite; car ni l'amour de Dieu sans l'amour de Jésus-Christ, ni l'amour de Jésus. Christ sans l'amour de Dieu, ne peuvent conduire au salut.
  • Saint Augustin
    Notre-Seigneur dit «Sont renfermés», c'est-à-dire s'y rapportent comme à leur fin.
  • Rabanus Maurus
    Tout le Décalogue est compris dans ces deux préceptes, les préceptes de la première table dans le précepte d'aimer Dieu, et dans celui d'aimer le prochain, 1es préceptes de la seconde table ( Ex 24,12 Ex 33,18 Ex 33,15 Ex 34,4 Ex 34,28-29 Dt 4,13 Dt 9,9-11 Dt 9,15 Dt 9,17 Dt 10,1-5 ) ..
  • Origène
    Ou bien ces paroles sont vraies, en ce sens que celui qui a fidèlement accompli tout ce qui dans l'Écriture a rapport à l'amour de Dieu et du prochain, mérite d'obtenir de Dieu des grâces privilégiées, pour comprendre que toute la loi et les prophètes dépendent, comme de leur principe, de l'amour de Dieu et de l'amour du pro chain.
  • Saint Augustin
    Comme il y a deux préceptes qui renferment la loi et les prophètes, le précepte d'aimer Dieu, et celui d'aimer le prochain, c'est avec raison que souvent l'Écriture sainte emploie indifféremment l'un pour l'autre, soit l'amour de Dieu, comme dans ces paroles «Or, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu» ( Rm 8,28 ); soit l'amour du prochain, comme dans ces autres ( Ga 5,14 ): «Toute la loi est renfermée dans ce seul précepte Vous aimerez le prochain comme vous-même», et cela, parce que celui qui aime le prochain doit, par une conséquence nécessaire, aimer Dieu; car c'est par un seul et même sentiment de charité que nous aimons Dieu et le prochain, avec cette différence que nous aimons Dieu pour lui-même, et que nous nous aimons, ainsi que le prochain, pour l'amour de Dieu.
  • Saint Augustin
    Mais comme la nature divine est de beaucoup supé rieure à notre nature, le précepte qui nous oblige d'aimer Dieu est distinct du précepte de l'amour du prochain. Si vous vous prenez vous-même dans votre être tout entier, c'est-à-dire dans votre âme et dans votre corps, de même que votre prochain, ces deux préceptes renfer ment tout ce qui peut être l'objet de votre amour. Le commandement de l'amour de lieu nous est donné en premier lieu avec la manière de l'accomplir, et il est suivi du précepte de l'amour du prochain que vous devez aimer comme vous-même, et qui renferme, par conséquent, l'amour que vous devez avoir pour vous-même.

Ce site veut vous aider à mieux comprendre les Évangiles grâce aux précieux commentaires des Pères de l'Église. Ces commentaires proviennent d'aussi loin que le IIIe siècle, jusqu’à leur compilation par saint Thomas d’Aquin dans un ouvrage intitulé la Chaîne d’or (Catena aurea) au XIIIe siècle.

Les textes des Évangiles sont tirés de la Bible catholique Crampon
Les textes des commentaires sont une traduction par l’Abbé J-M Peronne, Louis Vivès éditeur, 9 rue Delambre, 1868

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