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Évangile :
Chapitre :
Verset :

Matthieu 16, 13 - 19

13Jésus, étant venu dans la région de Césarée de Philippe, interrogeait ainsi ses disciples : " Qui dit-on qu'est le Fils de l'homme? " 14Ils dirent : " Les uns Jean le Baptiste, d'autres Elie, d'autres Jérémie ou l'un des prophètes. " 15Il leur dit : " Et vous, qui dites-vous que je suis? " 16Simon Pierre, prenant la parole, dit : " Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. " 17Jésus lui répondit : " Tu es heureux, Simon Bar-Jona, car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. 18Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. 19Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. " 
  • La Glose
    Après avoir inspiré à ses disciples un profond éloignement pour la doctrine des pharisiens, Notre-Seigneur choisit ce moment favorable pour jeter dans leurs âmes les fondements profonds de la doctrine évangélique, et pour donner à son enseignement plus de solennité, l'Évangéliste nous désigne l'endroit où elle se passa: «Or, Jésus vint dans les environs de Cé sarée de Philippe». Il ne dit pas simplement Césarée, mais Césarée de Philippe; car il y a une autre ville de Césarée, celle de Straton. Ce n'est point dans celle-là, mais dans la première, que Jésus fait cette question à ses disciples; il les emmène loin des Juifs, afin que, sans crainte au cune, ils disent librement ce qu'ils ont dans le coeur.
  • Rabanus Maurus
    Ce Philippe était frère d'Hérode, il était tétrarque de l'Iturée et de la Trachonitide. Il avait appelé Césarée, en l'honneur de Tibère, la ville qui est maintenant connue sous le nom de Pa néas.
  • La Glose
    Le Sauveur veut confirmer ses disciples dans la foi, il commence donc par éloigner de leur esprit les opinions et les erreurs que d'autres pouvaient y avoir jetées. «Et il interrogea ses disciples en leur demandant: Que disent les hommes qu'est le Fils de l'homme ?»
  • Origène
    En interrogeant ainsi ses disciples, il veut nous appar leurs réponses qu'il y avait alors sur le Christ diverses opinions parmi les Juifs, et aussi nous faire rechercher nous-mêmes l'opi nion que les hommes peuvent avoir de nous. S'ils en disent du mal, nous devons cesser d'y donner occasion, et s'ils en disent du bien, nous devons redoubler nos efforts pour mériter leur approbaLes disciples des évêques doivent apprendre aussi, à l'exemple des Apôtres, à informer leurs supérieurs de ce qu'ils entendent dire au dehors sur leur personne.
  • Saint Jérôme
    L'expression dont il se sert: «Que disent les hommes qu'est le Fils de l'homme», est parfaitement choisie, car ceux qui parlent du Fils de l'homme sont des hommes; mais ceux qui comprennent sa divinité sont appelés, non pas des hommes, mais des dieux.
  • Saint Jean Chrysostome
    Il ne leur demande pas: Que disent de moi les pharisiens et les scribes? mais: «Que disent les hommes ?» Car il cherche à connaître la pensée du peuple, qui n'était pas tourné au mal. L'idée que le peuple avait du Christ était sans doute bien au-dessous de la réalité, mais au moins elle était pure de toute malice, tandis que l'opinion que les pharisiens se formaient de sa personne était pleine de méchanceté.
  • Saint Hilaire
    «Que disent les hommes qu'est le Fils de l'homme ?» Il nous apprend par ces paroles que l'on doit voir en lui autre chose que ce qui paraît au dehors, car il était vraile Fils de l'homme. Quelle idée voulait-il donc qu'on eût de lui? Non pas, sans doute, celle qu'il avait fait connaître lui-même; la véé qui faisait l'objet de cet examen était cachée, et c'est cette vérité que la foi des chrétiens doit embrasser. Or, telle doit être notre profession de foi: nous devons croire qu'il est le Fils de Dieu comme il est le Fils de l'homme; car l'une de ces deux croyances, sans l'autre, ne peut en rien nous donner l'espérance du salut; aussi est-ce avec intention qu'il dit: «Que disent les hommes du Fils de l'homme ?»
  • Saint Jérôme
    Il ne dit pas: Que disent-ils que je suis, mais: «Que disent-ils qu'est le Fils de l'homme ?» pour éviter dans cette question toute apparence de recherche personnelle. Remarquons encore que partout où nous lisons dans l'Ancien Testament: Fils de l'homme, le texte hébreu porte: Fils d'Adam.
  • Origène
    Les disciples rapportent les différentes opinions qu'on se formait du Christ, «Et ils lui répondirent: Les uns disent Jean-Baptiste, c'est-à-dire ceux qui partageaient l'opinion d'Hé rode; les autres, Élie, et ceux-là pensaient ou bien qu'Élie avait reçu une seconde naissance, ou que n'ayant point été autrefois soumis à la mort du corps, il se manifestait dans le temps pré sent; les autres, Jérémie, que le Seiavait établi prophète parmi les nations, et ils ne com prenaient pas que Jérémie était la figure du Christ; ou l'un des prophètes, pour une raison semblable, à cause des choses que Dieu avait révélées aux prophètes, bien qu'elles n'aient pas reçu leur accomplissement en eux, mais seulement dans Jésus-Christ.
  • Saint Jérôme
    Cependant le peuple a bien pu se tromper en prenant le Christ pour Élie et pour Jérémie, de même qu'Hérode qui le prenait pour Jean-Baptiste; aussi suis-je étonné de voir quelques interprètes rechercher les causes de toutes ces erreurs.
  • Saint Jean Chrysostome
    Après que les disciples lui ont fait connaître l'opinion du peuple, il les presse par une seconde question de se former une plus haute idée de lui; «Et Jésus leur dit: Et vous, qui dites-vous que je suis ?» Vous, dis-je, quiètes toujours avec moi, qui avez été témoins de plus grands miracles que le peuple, vous ne devez point partager sa manière de voir. Aussi ne leur fît-il pas cette question au début, de sa prédication, mais après avoir fait un grand nombre de miracles, et leur avoir souvent parlé de sa divinité.
  • Saint Jérôme
    Remarquez que d'après ce langage du Sauveur, les Apôtres ne sont pas appelés des hommes, mais des dieux, car après avoir dit: «Les hommes, que disent-ils qu'est le Fils de l'homme ?» il ajoute: «Et vous, q ue dites-vous que je suis ?» c'est-à-dire les hommes qui ne sont que des hommes ont de moi une opinion tout humaine; mais vous qui êtes des dieux, que pensez-vous que je suis ?
  • Rabanus Maurus
    Ce n'est point sans doute par ignorance que le Sauveur s'inde l'opinion que ses dis ciples et le peuple peuvent avoir de sa personne; s'il demande à ses disciples ce qu'ils pensent de lui, c'est pour récompenser dignement leur confession de foi, conforme à la vérité. Aussi s'informe-t-il d'abord de l'opinion du peuple, afin qu'après avoir rapporté les jugements de ceux qui se trompent, on soit obligé de reconnaître que les disciples ont puisé la vérité de leur profession de foi, non pas dans les idées du peuple, mais dans une révélation particulière du Sau veur.
  • Saint Jean Chrysostome
    Lorsque Notre-Seigneur demande quelle opile peuple a de lui, tous répondent; mais lorsqu'il demande à ses disciples quelle est leur opinion personnelle, Pierre répond au nom de tous comme étant la bouche et la tête du collège apostolique: «Simon Pierre, prenant la parole, lui dit: Vous êtes le Christ Fils du Dieu vivant».
  • Origène
    Pierre rejette toutes les fausses idées que les Juifs se faisaient de Jésus, et il confesse hautement cette vérité qu'ignoles Juifs: «Vous êtes le Christ», et ce qui est bien plus grand: «Le Fils du Dieu vivant», qui avait dit par les prophètes: «Moi je vis, dit le Seigneur ( Is 49,18 Jr 22,24 Ez 5,11 Ez 14,16 Ez 18 Ez 20 Ez 17,19 Ez 18,3 Ez 33,11 Ez 27 Ez 34,8 ) ». On l'appelait vivant, mais d'une manière éminente, parce qu'il est supérieur à tous les êtres qui ont la vie; car seul il possède l'immortalité, et il est la source de la vie. C'est lui que nous appelons dans un sens véritable Dieu le Père. Or, celui qui dit: «Je suis la vie» ( Jn 11 ), est lui-même la vie qui sort comme de la source.
  • Saint Jérôme
    Pierre dit: «Du Dieu vivant», par opposition avec ces dieux qu'on regarde comme des dieux, et qui ne sont que des morts: je veux parler de Saturne, de Jupiter, de Vénus, d'Hercule, et des aut res divinités.
  • Saint Hilaire
    Au contraire, la foi vraie et inviolable, c'est que le Fils est sorti Dieu de Dieu, et que de toute éternité il a possédé l'éternité du Père. Croire et confesser qu'il a pris un corps semblable au nôtre, et qu'il s'est fait homme, c'est la perde la foi. Aussi la déclaration de l'Apôtre embrasse tout, en formulant aussi clairement la nature et le nom du Christ, et résume toutes les vertus.
  • Rabanus Maurus
    Par un admirable contraste, c'est Notre-Seigneur lui-même qui confesse les humiliations de la nature humaine dont il s'est revêtu, tandis que le disciple proclame les gran deurs de son éternelle divinité.
  • Saint Hilaire
    La confession de Pierre mérita une récompense digne d'elle, parce qu'il avait reconnu le Fils de Dieu sous les dehors de l'homme: «Jésus lui répondit: Vous êtes heureux, Simon, fils de Jean, parce que ce n'est ni le sang ni la chair qui vous ont révélé ceci».
  • Saint Jérôme
    Le Sauveur paie d'un juste retour le témoignage que lui a rendu son apôtre. Pierre lui avait dit: «Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant»; Jésus-Christ lui répond: «Vous êtes heureux, Simon, fils de Jean». Pourquoi? parce que ce n'est ni la chair ni le sang, mais mon Père qui vous a révélé cette vérité. Ce que la chair ni le sang n'ont pu révéler, l'a été par la grâce de l'Esprit saint. Cette confession lui a donc mérité le nom qui lui est donné de fils de l'Esprit saint, à qui il devait cette révélation; car dans notre langue, Barjona veut dire fils de la colombe. Quelques-uns l'entendent simplement en ce sens que Simon (c'est-à-dire Pierre), était fils de Jean, d'après cette question que le Sauveur lui adressa dans un autre endroit: «Simon, fils de Jean, m'aimez-vous ?» Ils préque c'est par une erreur des copistes qu'au lieu de Bar-joanna, c'est-à-dire: fils de Jean, nous lisons Barjona, avec une syllabe de moins. Or, Joanna signifie grâce de Dieu, et ces deux noms peuvent recevoir une interprétation spirituelle, c'est-à-dire que la colombe représente le Saint-Esprit, et la grâce de Dieu, les dons spirituels.
  • Saint Jean Chrysostome
    Il eût été inutile de dire: Vous êtes le fils de Jona, ou de Joanna, si le Sauveur n'avait eu l'intention de montrer que le Christ est aussi naturellement le Fils de Dieu que Pierre est fils de Jona, c'est-à-dire de la même substance que celui qui l'a ené.
  • Saint Jérôme
    Comparez ces paroles: «Ce n'est point la chair ni le sang qui vous l'ont révélé», à ces autres de l'Apôtre: «Aussitôt j'ai cessé de prendre conseil de la chair et du sang ( Ga 1 ); ce sont les Juifs qu'il veut désigner sous le nom de la chair et du sang, et nous y trouvons une preuve que dans cet endroit, ce n'est point par la doc trine des pharisiens, mais par la grâce de Dieu, que le Christ, Fils de Dieu, a été révélé à Pierre.
  • Saint Hilaire
    Ou bien dans un autre sens, Pierre est heureux parce qu'il a eu le mérite d'étendre ses regards au delà de ce qui est humain, et que sans s'arrêter à ce qui venait de la chair et du sang, il a contemplé le Fils de Dieu par un effet de la révélation divine, et a été jugé digne de reconnaître le premier que la divinité était dans le Christ.
  • Origène
    C'est ici le lieu de demander si, lorsque le Sauveur envoya ses disciples prêcher l'Évangile, ils savaient déjà qu'il était le Christ, car d'après ce passage, Pierre confesse ici pour la première fois que le Sauveur était le Christ, le Fils du Dieu vivant. Com prenez donc, si vous le pouvez, que c'est une grâce bien moindre de croire que de connaître que Jésus est le Christ, et nous dirons alors que lorsqu'il envoyait ses disciples prêcher l'Évan gile, ils croyaient qu'il était le Christ, mais qu'ensuite ils arrivèrent jusqu'à le connaître. Ou bien nous répondrons que les Apôtres n'avaient alors que le commencement de la connaissance du Christ et que cette conétait très restreinte, mais qu'ensuite ils firent tant de progrès dans cette connaissance, qu'ils comprirent ce que le Père avait révélé du Christ, comme Pierre, que Jésus proclame bienheureux, non-seulement pour avoir dit: «Vous êtes le Christ», mais surtout pour avoir ajouté: «Le Fils du Dieu vivant».
  • Saint Jean Chrysostome
    Or, si Pierre n'avait pas confessé que le Christ est réellement né du Père, il n'aurait pas eu besoin de révélation, et il n'aurait pas été proclamé bienheureux pour avoir cru que le Christ était un des nombreux enfants adoptifs de Dieu. En effet, bien aupaceux qui étaient dans la barque lui avaient dit: «Vous êtes vraiment le Fils de Dieu» ( Mt 14 ); Nathanaël lui-même lui avait dit: «Maître, vous êtes le Fils de Dieu» ( Jn 1 ). Cependant ils n'ont pas été déclarés bienheureux, parce qu'ils n'ont pas confessé la même filiation que Pierre. Ils croyaient que le Christ était semblable à beaucoup d'autres, mais non pas qu'il fût le Fils de Dieu; ou bien s'ils lui reconnaissaient une supériorité réelle sur tous les autres, ils ne le recependant pas comme étant né de la substance même du Père. Vous voyez donc comme le Père révèle le Fils, et comment le Fils révèle le Père; car on ne peut connaître le Fils que par le Père, comme on ne peut connaître le Père que par le Fils, ce qui établit clairement que le Fils est consubstantiel au Père, et doit recevoir les mêmes adorations. Or, Jésus prend occasion de cela pour enseigner à ses Apôtres que plusieurs croiront un jour ce que Pierre vient de confesser: «Et moi, je vous dis que vous êtes Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église».
  • Saint Jérôme
    C'est-à-dire parce que vous avez fait cette confession de foi: «Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant», moi je vous dis non point par un discours vain et sans ob jet, mais je vous dis (car pour moi, dire c'est faire): «Vous êtes Pierre». De même que précé demment lui qui est la véritable lumière avait donné à ses Apôtres le nom de lumière du monde et d'autres noms figuratifs; ainsi il a donné le nom de Pierre à Simon, qui croyait que Jésus-Christ était la pierre par excellence.
  • Saint Augustin
    Il ne faut pas croire cependant que ce fut dans cette circonstance que Pierre reçut son nom; ce nom lui fut donné dans une autre circonstance rapportée par saint Jean, alors que Jésus-Christ lui dit: «Vous vous appellerez Céphas», ce qui veut dire Pierre.
  • Saint Jérôme
    C'est en suivant cette métaphore de la pierre que le Saului dit: C'est sur vous que je bâtirai mon Église, comme il l'aen effet: «Sur cette pierre, je bâtirai mon Église».
  • Saint Jean Chrysostome
    C'est-à-dire, sur cette foi et sur cette confession, je bâtirai mon Église. Nous apprenons de là qu'un grand nombre croiront ce que Pierre vient de confesser, et il élève en même temps son intelligence et lui donne la charge de suprême pasteur.
  • Saint Augustin
    J'ai dit dans un certain endroit, de l'apôtre saint Pierre, que l'Église avait été bâtie sur lui comme sur la pierre; mais je me rappelle avoir plus tard expliqué cette parole: «Vous êtes Pierre, et sur cette pierre je bâtirai», etc., en ce sens que d'après ces paroles du Sauveur, l'Église est bâtie sur celui que Pierre a confessé en ces termes: «Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant». De cette manière, l'Apôtre aurait reçu son nom de cette pierre et il représenterait l'Église qui est bâtie sur cette pierre. En effet, le Sauveur ne lui dit pas: Vous êtes la pierre (petra), mais «Vous êtes Pierre» (Petrus); la pierre, c'était le Christ ( 1Co 10 ) dont Simon a confessé la divinité, comme toute l'Église le confesse, et c'est pour cela qu'il a reçu le nom de Pierre. Le lecteur peut choisir entre ces deux opinions celle qui lui paraîtra la plus probable.
  • Saint Hilaire
    Dans ce nouveau nom donné au prince des Apôtres, nous trouvons un présage heureux de la solidité des fondements de l'Église et une pierre digne de cet édifice qui devait briser et réduire eu poudre les loi s et les portes de l'enfer et tous les cachots de la mort, et c'est pour montrer la force de l'Église bâtie sur cette pierre que Jésus ajoute: «Et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle».
  • Saint Jérôme
    Les portes de l'enfer sont, à mon avis, les vices et les péchés des hommes, ou du moins les doctrines des hérétiques qui séduisent les hommes et les entraînent dans l'abîme.
  • Origène
    Tous les esprits de malice répandus dans les airs sont aussi les portes de l'enfer auxquel les sont opposées les portes de la jus ( Ps 97,19 ).
  • Rabanus Maurus
    Les portes de l'enfer sont en core les tourments et les séductions que mettent en usage les persécuteurs. Ce sont aussi les oeuvres mauvaises des incrédules, et leurs discours absurdes, parce qu'ils font connaître le che min de la perdition.
  • Origène
    Notre-Seine précise pas si c'est contre la pierre sur laquelle le Christ a bâti son Église ou si c'est contre l'Église elle-même, bâtie sur la pierre, que ces por tes de l'enfer ne prévaudront pas. Mais il est éviqu'elles ne prévaudront ni contre la pierre, ni contre l'Église.
  • Saint Cyrille
    D'après cette promesse du Seigneur, l'Église apostolique, placée au-dessus de tous les évêques, de tous les pasteurs, de tous les chefs des Églises et des fidèles, demeure pure de toutes les séductions et de tous les artifices des hérétiques dans ses pontifes, dans sa foi toujours entière et dans l'autorité de Pierre. Tandis que les autres Églises sont dés honorées par les erreurs de certains hérétiques, seule elle règne, appuyée sur des fondements inébranlables, imposant silence et fermant la bouche à tous les hérétiques; et nous, si nous ne sommes ni égarés par une téméraire présomption de notre salut, ni enivrés du vin de l'orgueil, nous confessons et nous prêchons en union avec elle la règle de la vérité et de la sainte tradi tion apostolique.
  • Saint Jérôme
    Qu'on ne s'imagine pas que ces paroles doivent s'entendre en ce sens que les Apôtres n'ont pas été soumis à la mort, quand on sait la gloire éclatante de leur martyre.
  • Origène
    Et à nous aussi il sera dit: «Vous êtes Pierre». Aussitôt que nous aurons confessé que Jésus-Christ est le Fils du Dieu vivant par un effet de la révélation du Père qui est dans les cieux, c'est-à-dire lorsque nous-mêmes nous vivrons déjà pour ainsi dire dans le ciel. Car la pierre, c'est tout fidèle imitateur du Christ; mais celui contre lequel prévalent les portes de l'enfer n'est ni la pierre sur laquelle le Christ bâtit son Église, ni cette Église, ni aucune par tie de cette Église, dont le Seigneur asseoi t les fondements sur la pierre.
  • Saint Jean Chrysostome
    Le Sauveur donne ensuite une autre prérogative à Pierre, en ajoutant: «Et je vous donnerai les clefs du royaume des cieux». C'est-à-dire: De même que mon Père vous a fait la grâce de me connaître, je vous accorderai aussi une faveur particulière, c'est-à-dire les clefs du royaume des cieux.
  • Rabanus Maurus
    Celui qui a reconnu et confessé le roi des cieux avec plus d'ardeur que tous les autres reçoit aussi d'une manière plus particulière que tous les autres les clefs du royaume des cieux, afin qu'il fût bien démontré pour tous que sans cette confession et sans cette foi, personne ne peut entrer dans le royaume des cieux. Les clefs du royaume des cieux sont la puissance et le droit de juger: la puissance, pour lier et délier, le pouvoir de juger, de discerner ceux qui sont dignes et ceux qui ne le pas.
  • La Glose
    «Et ce que vous lierez», c'est-à-dire celui que vous aurez jugé indigne d'absolution pendant sa vie, en sera jugé indigne devant Dieu lui-même». Et ce que vous aurez délié», c'est-à-dire celui que vous aurez jugé digne d'être absous ici-bas, recevra de Dieu la rémission de ses péchés.
  • Origène
    Voyez quelle grande puissance a été donnée à cette pierre sur laquelle l'Église est bâtie; ses jugements sont irrévocables, comme si Dieu lui-même les avait prononcés par sa bouche.
  • Saint Jean Chrysostome
    Voyez aussi comme Jésus-Christ inspire à Pierre une haute idée de sa personne il promet de lui donner ce qui n'appartient qu'à Dieu seul, c'est-à-dire le pouvoir de remettre les péchés et de rendre l'Église immuable au milieu de toutes les tempêtes, des persécutions et des souffrances.
  • Rabanus Maurus
    Quoique le Seigneur paraisse donner exclusivement à Pierre ce pouvoir de lier et de délier, il l'accorde également aux autres Apôtres ( Mt 18,18 ) et maintenant encore à toute l'Église dans la personne des évêques et des prêtres; mais Pierre a reçu d'une manière plus particulière les clefs du royaume des cieux et la primauté du pouvoir judiciaire, afin que tous les fidèles répandus dans l'univers comprennent que du moment où, de quelque manière que ce soit, on se sépare de l'unité de la foi ou de la société de Pierre, on ne peut être délivré des liens du péché, ni voir ouvrir devant soi les portes du royaume du ciel.
  • La Glose
    Notre-Seigneur a donné d'une manière particulière ce pouvoir à Pierre pour nous inviter à l'unité; il l'a établi prince des Apôtres afin que l'Église eût au-dessus de tous les au tres un seul vicaire de Jésus-Christ, auquel tous les membres de l'Église pussent recourir si la division venait à s'introduire parmi eux; s'il y avait plusieurs chefs dans l'Église, le lien de l'unité serait rompu. Quelques-uns prétendent que cette expression: «Sur la terre»signifie que ce pouvoir de lier et de délier ne lui a été donné que sur les vivants et non sur les morts, car celui qui exercerait ce pouvoir sur les morts ne l'exercerait pas sur la terre.
  • La Glose
    Conc. de Constant. Comment s'en trouve-t-il qui osent dire que ce pouvoir ne doit s'exercer que sur les vivants? Ignorent-ils donc que la sentence d'anathème n'est autre chose qu'une sentence de séparation? On doit toujours éviter tout commerce avec ceux qui sont esclaves de crimes énormes, qu'ils soient du nombre des vivants ou parmi les morts, car on doit toujours se séparer de ce qui est coupable et nuisible. D'ailleurs nous avons d'Augustin, de pieuse mémoire, et qui jeta un si vif éclat parmi les évêques d'Afrique, plusieurs lettres où il enseigne qu'il faut anathématiser les hérétiques même après leur mort. Les autres évêques d'Afrique ont conservé cette tradition ecclésiastique, et la sainte Église romaine elle-même a anathématisé aussi quelques évêques après leur mort, quoique leur foi n'eût pas été incriminée pendant leur vie.
  • Saint Jérôme
    Quelques évêques et quelques prêtres qui n'ont pas l'intelligence de ce passage, affec tent en quelque sorte d'imiter la conduite orgueilleuse des pharisiens en condamnant les inno cents et en s'imaginant qu'ils peuvent absoudre les coupables, lorsqu'ils devraient savoir que Dieu tient compte non tant de la sentence des prêtres que des dispositions des coupables. Nous lisons, dans le passage du Lévitique qui ordonne aux lépreux de se présenter devant les prêtres (chap. 13 et 14), que, s'ils sont atteints de la lèpre, ils soient alors déclarés impurs par le prêtre, non pas que ce soient les prêtres qui les rendent lépreux et impurs, mais parce qu'ils connais sent les caractères qui distinguent le lépreux de celui qui ne l'est pas, celui qui est pur de celui qui est impur. De même donc que dans l'ancienne loi le prêtre déclarait le lépreux impur, ainsi l'évêque ou le prêtre exercent le pouvoir de lier et de délier, non pas à l'égard de ceux qui sont innocents et purs, mais dans ce sens qu'après avoir entendu la confession des diverses espèces de péchés, ils savent quels sont ceux qu'ils doivent lier et ceux qui méritent d'être déliés.
  • Origène
    Celui donc qui exerce le pouvoir de lier et de délier de manière à être jugé vraiment digne d'exercer ce pouvoir dans le ciel est irrépréhensible. Or, les clefs du royaume des cieux sont données aussi comme récompense à celui qui par ses vertus peut fermer les portes de l'enfer». En effet, lorsqu'un homme commence à pratiquer toutes les vertus chrétiennes, il s'ouvre à lui-même la porte du royaume des cieux, c'est-à-dire que le Seigneur la lui ouvre par sa grâce, de manière que la même vertu est tout à la fois la porte et la clef de la porte. Peut-être même pourrait-on dire que chacune des vertus est le royaume des cieux.

Ce site veut vous aider à mieux comprendre les Évangiles grâce aux précieux commentaires des Pères de l'Église. Ces commentaires proviennent d'aussi loin que le IIIe siècle, jusqu’à leur compilation par saint Thomas d’Aquin dans un ouvrage intitulé la Chaîne d’or (Catena aurea) au XIIIe siècle.

Les textes des Évangiles sont tirés de la Bible catholique Crampon
Les textes des commentaires sont une traduction par l’Abbé J-M Peronne, Louis Vivès éditeur, 9 rue Delambre, 1868

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