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Évangile :
Chapitre :
Verset :

Matthieu 3, 11 - 12

11Moi, je vous baptise dans l'eau pour le repentir; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses sandales; lui, il vous baptisera dans l'Esprit-Saint et le feu. 12Dans sa main est le van : il nettoiera son aire, il amassera son froment dans le grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point. " 
  • La Glose
    Après avoir développé dans les paroles précédentes ce qu'il n'avait fait qu'indiquer en commençant, sur la nécessité de faire pénitence, Jean-Baptiste devait expliquer avec la même clarté ce qu'il avait dit du royaume de Dieu qui était proche, et c'est ce qu'il fait dans les paroles qui suivent : " Je vous baptise dans l'eau pour la pénitence, " etc.
  • Saint Grégoire le Grand
    Jean baptise, non dans l'esprit, mais dans l'eau, parce qu'il ne peut effacer les péchés : il lave les corps dans l'eau, mais il ne peut purifier les âmes par le pardon.
  • Saint Jean Chrysostome
    Puisque la victime n'avait pas encore été offerte (cf. Hb 10, 12), que le péché n'était pas expié, et que l'Esprit saint n'était pas encore descendu sur l'eau, comment donc pouvait-on obtenir la rémission des péchés ? Nous répondons que tout le malheur des Juifs venait de ce qu'ils ne sentaient pas qu'ils étaient pécheurs, Jean était donc envoyé pour leur faire connaître leurs péchés et leur rappeler la nécessité de faire pénitence.
  • Saint Grégoire le Grand
    Mais pourquoi celui qui ne peut remettre les péchés donne-t-il le baptême ? C'est pour continuer à remplir son ministère de précurseur ; sa naissance avait précédé celle du Sauveur, son baptême devait précéder également le baptême du Seigneur.
  • Saint Jean Chrysostome
    Ou bien Jean fut envoyé pour baptiser afin de découvrir à ceux qui venaient recevoir son baptême la présence de Fils de Dieu dans une chair mortelle, comme il l'atteste lui-même : " Je suis venu baptiser dans l'eau pour le manifester en Israël. ". (Jn 1)
  • Saint Augustin
    Ou bien encore il baptise, parce qu'il fallait que le Christ fût baptisé. Mais pourquoi le Christ seul n'a-t-il pas été baptisé par Jean-Baptiste, si l'objet de la mission de Jean-Baptiste était de baptiser le Christ ? Si le Seigneur seul avait reçu le baptême de Jean, bien des personnes auraient cru que le baptême de Jean était supérieur au baptême du Christ, puisque le Christ seul avait été jugé digne de le recevoir.
  • Rabanus Maurus
    Ou bien enfin il baptise pour séparer par ce signe extérieur les pénitents de ceux qui ne voulaient point se repentir, et pour les conduire ainsi jusqu'au baptême du Seigneur.
  • Saint Jean Chrysostome
    Comme c'était pour préparer la venue du Christ qu'il baptisait, il annonce à ceux qui vont recevoir son baptême que le Christ doit bientôt paraître, et leur fait connaître en ces termes la supériorité de sa puissance :" Celui qui vient après moi est plus puissant que moi. "
  • Saint Rémi
    Remarquons que le Christ est venu après Jean de cinq manières : par sa naissance, par sa prédication, par son baptême, par sa mort, par sa descente aux enfers ; et c'est avec raison que Jean-Baptiste déclare que le Seigneur est plus puissant que lui, parce que Jean-Baptiste n'était qu'un homme, et que le Christ était Dieu et homme tout à la fois.
  • Rabanus Maurus
    Ces paroles de Jean reviennent à celles-ci : Je suis fort pour inviter les hommes à la pénitence ; lui, au contraire, est fort pour remettre les péchés ;je suis fort pour prêcher le royaume des cieux, lui pour le donner ; je suis fort pour baptiser dans l'eau, lui pour baptiser dans l'esprit.
  • Saint Jean Chrysostome
    Quand je vous dis qu'il est plus fort que moi, n'allez pas penser que je veuille par là établir entre lui et moi la moindre comparaison, car je ne suis pas digne de prendre place parmi ses serviteurs et de lui rendre le plus petit et le dernier des offices. C'est pour cela qu'il ajoute : " Je ne suis pas digne de porter sa chaussure. "
  • Saint Hilaire
    Il laisse aux Apôtres la gloire de porter par toute la terre la prédication de l'Évangile, parce qu'il était réservé à leurs pieds sacrés l'aller annoncer aux hommes la paix de Dieu.
  • Saint Jean Chrysostome
    Ou bien encore les pieds du Christ peuvent figurer les chrétiens, principalement les Apôtres et les autres prédicateurs de l'Évangile, du nombre desquels était Jean-Baptiste. Les chaussures sont les infirmités dont Dieu couvre les prédicateurs ; tous donc portent les chaussures du Christ ; Jean lui-même les portait, mais il se déclarait indigne de les porter, pour montrer la supériorité de la grâce de Jésus-Christ sur ses propres mérites.
  • Saint Jérôme
    Nous lisons dans un autre évangile (Jn 1) : " Je ne suis pas digne de dénouer les cordons de sa chaussure. "Nous voyons d'un côté l'humilité, de l'autre le ministère du saint précurseur ; car le Christ est l'époux et Jean se déclare indigne de dénouer les cordons de sa chaussure, afin que la maison de l'époux ne soit pas appelée, comme on le voit dans la loi de Moïse (Dt 25) et par l'exemple de Ruth (Rt 4), la maison de celui qui a perdu sa chaussure.
  • Saint Jean Chrysostome
    Comme personne ne peut donner un bien qui soit au-dessus de lui, ni faire un autre plus qu'il n'est lui-même, Jean-Baptiste ajoute : " C'est lui qui vous baptisera dans le feu et dans l'Esprit saint. " Jean-Baptiste étant corporel ne peut donner un baptême spirituel ; il baptise dans l'eau qui est un corps. C'est le corps qui baptise avec un élément corporel ; le Christ, au contraire, est esprit parce qu'il est Dieu ; l'Esprit saint est lui-même esprit, l'âme est esprit aussi ; c'est donc l'esprit qui baptise avec l'esprit. Or, le baptême de l'esprit est souverainement utile, car l'esprit entrant dans l'âme l'embrasse, l'entoure comme d'un mur inexpugnable, et ne permet pas que les convoitises charnelles prévalent contre elle. Il n'empêche pas les désirs de la chair de naître dans l'âme, mais il garde l'âme pour l'empêcher d'y consentir. Le Christ est juge aussi, il baptise donc dans le feu, c'est-à-dire dans les tentations. Celui qui n'est qu'un homme ne peut baptiser dans le feu, car celui-là seul a le pouvoir de tenter, qui est assez puissant pour récompenser. Ce baptême de la tribulation ou du feu consume la chair et détruit en elle les germes de la concupiscence ; ce ne sont pas les peines spirituelles que la chair redoute, mais les peines corporelles ; aussi, Dieu n'épargne pas à ses serviteurs les tribulations de la chair, afin qu'étant dominée par la crainte des peines qu'elle éprouve, elle cesse de désirer le mal. Vous voyez donc que l'esprit repousse les concupiscences et ne permet pas qu'elles soient victorieuses, tandis que le feu en consume jusqu'aux racines.
  • Saint Jérôme
    Ou bien : " Dans l'Esprit saint et le feu, " en ce sens que le feu c'est l'Esprit saint lui-même, car lorsqu'il descendit il se reposa sur chacun des Apôtres sous la forme de langues de feu... Et alors fut accomplie cette parole du Seigneur : " Je suis venu apporter le feu sur la terre, " Ou bien peut-être, nous sommes baptisés actuellement dans l'Esprit saint, et nous le serons plus tard dans le feu, selon cette parole de l'Apôtre : " Le feu éprouvera l'ouvrage de chacun. "
  • Saint Jean Chrysostome
    Il ne dit pas : Il vous donnera l'Esprit saint, mais : Il vous baptisera dans l'Esprit saint, exprimant par cette figure l'abondance de la grâce. Il nous enseigne encore par là qu'il n'a besoin que de notre seule volonté dans la foi et non pas de nos sueurs et de nos travaux pour nous justifier, et qu'il nous est aussi facile d'être renouvelés et rendus meilleurs qu'il l'est d'être baptisé. Cette comparaison du feu nous montre l'énergie de la grâce, qui ne peut être vaincue ; nous voyons aussi que le Christ doit rendre en un instant ses serviteurs semblables aux grands prophètes des temps anciens et il a recours à cette comparaison parce que plusieurs des visions prophétiques ont eu lieu sous la figure du feu.
  • Saint Jean Chrysostome
    Il est donc évident que le baptême du Christ ne détruit pas le baptême de Jean, mais qu'il le renferme ; celui qui est baptisé au nom de Jésus-Christ reçoit les deux baptêmes de l'eau et de l'esprit ; car le Christ, qui était esprit, a pris un corps afin de pouvoir donner un baptême à la fois corporel et spirituel. Quant au baptême de Jean, il ne renfermait pas celui du Christ, car ce qui est moindre ne peut contenir ce qui est plus grand. Aussi l'apôtre ayant rencontré des habitants d'Ephèse qui avaient reçu le baptême de Jean, il les baptisa de nouveau au nom du Christ (Ac 19), parce qu'ils n'avaient pas été baptisés dans l'esprit. Jésus-Christ lui-même baptisa de nouveau ceux qui avaient reçu le baptême de Jean, comme ce dernier nous l'apprend : " Pour moi, je vous baptise dans l'eau ; mais pour lui, il vous baptisera dans le feu. " Cependant on ne peut dire que Jésus rebaptisait, car il ne baptisait qu'une fois en réalité ; le baptême du Christ étant supérieur à celui de Jean, ce n'était pas un baptême renouvelé, c'était un nouveau baptême, parce que l'ancien trouvait sa fin en Jésus-Christ.
  • Saint Hilaire
    En disant : " Il vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu, " Jean-Baptiste indique les cieux époques différentes du salut et du jugement de tous les hommes, car ceux qui ont été baptisés dans l'Esprit saint doivent un jour passer par le feu du jugement ; c'est pour cela qu'il ajoute : " Il a son van en la main. "
  • Rabanus Maurus
    Par le van, (ou la pelle), on doit entendre le discernement qui suivra le jugement, et que le Seigneur a dans sa main ou en son pouvoir, car le Père a donné tout jugement à son Fils.
  • Saint Jean Chrysostome
    L'aire c'est l'Église ; le grenier, le royaume du ciel ; le champ, le monde. Le Seigneur en envoyant comme des moissonneurs ses apôtres et les autres prédicateurs, a retranché du monde toutes les nations, et les a réunies dans l'aire de son Église. C'est là que nous devons être battus, vannés, comme le blé. Or tous les hommes se plaisent dans les jouissances charnelles comme le grain dans la paille ; mais le chrétien fidèle, et dont le fond du coeur est bon, à la plus légère atteinte de la tribulation laisse là les plaisirs des sens et court se jeter dans les bras du Seigneur ; au contraire, celui dont la foi est médiocre le fait à peine sous le poids de grandes tribulations. Pour l'infidèle qui est absolument dénué de foi, quelque grandes que soient ses épreuves, il ne pense pas à recourir à Dieu. Lorsque le grain a été battu, il est étendu sur l'aire, confondu avec la paille, et on a besoin de le vanner pour l'en séparer. C'est ainsi que dans une seule et même Église les fidèles sont confondus avec les infidèles. Or la persécution s'élève comme un souffle violent, afin que le van du Christ, en les agitant fortement, sépare entièrement ceux qui étaient déjà séparés par leurs oeuvres. Et remarquez qu'il ne dit pas simplement : " Il nettoiera son aire, " mais " il la nettoiera parfaitement ; " car il faut que l'Église soit éprouvée de mille manières avant d'être entièrement purifiée. Les Juifs sont les premiers qui l'ont pour ainsi dire vannée, puis sont venus les Gentils, et après eux les hérétiques ; l'Antéchrist viendra en dernier lieu. Lorsque le souffle du vent est faible, tout le grain n'est pas vanné ; il n'y a que les pailles les plus légères qui soient secouées, les plus pesantes restent sur l'aire. Ainsi qu'une légère tentation vienne à souffler, les plus mauvais seuls se retirent ; mais qu'une violente tempête s'élève, on voit disparaître ceux qui paraissaient les plus stables ; c'est pourquoi les grandes épreuves sont nécessaires à l'Église pour la purifier entièrement.
  • Saint Rémi
    Dieu purifie aussi son aire, c'est-à-dire son Église, dès cette vie, soit lorsque le jugement des prêtres retranche les méchants du sein de l'Église, soit lorsque la mort les enlève de cette terre.
  • Rabanus Maurus
    L'aire sera entièrement nettoyée à la fin des temps, lorsque le Fils de l'homme enverra ses anges, et qu'il fera disparaître tous les scandales de son royaume.
  • Saint Grégoire le Grand
    Après avoir été battu pendant la vie présente, où il gémit sous la paille, le grain en sera parfaitement séparé par le van du dernier jugement, de manière que ni les pailles ne suivront le blé dans le grenier, ni le blé lui-même ne tombera dans le feu qui doit consumer les pailles ; c'est ce que nous apprennent les paroles suivantes : " Il ramassera son blé dans le grenier et brûlera la paille dans un feu lui ne s'éteindra jamais. "
  • Saint Hilaire
    Le froment, c'est-à-dire les oeuvres parfaites des fidèles sera recueilli dans les greniers célestes et les pailles, c'est-à-dire les actions vaines et stériles des hommes, seront brûlées par le feu du jugement.
  • Rabanus Maurus
    Il y a cette différence entre la paille et l'ivraie, que la paille sort de la semence du blé, et l'ivraie d'une semence étrangère. Les pailles représentent donc ceux qui ont été imprégnés de la sève vivifiante des sacrements, mais qui n'ont aucune consistance ; et l'ivraie ceux que leurs oeuvres et leurs croyances ont totalement séparés de la destinée des chrétiens.
  • Saint Rémi
    Ce feu qui ne s'éteint pas, c'est la peine de la damnation éternelle elle est ainsi appelée, soit parce qu'elle ne cesse de tourmenter sans les faire mourir ceux qu'elle dévore, soit pour la distinguer du feu du purgatoire, dont la durée n'a qu'un temps et qui doit s'éteindre un jour.
  • Saint Augustin
    Si l'on demande ici quelles sont les vraies paroles de Jean-Baptiste, celles que lui prête saint Matthieu, ou bien celles que lui fait dire saint Marc ou saint Luc, nous répondrons que cette difficulté ne doit pas arrêter un instant celui qui fait cette observation judicieuse que toutes ces maximes sont nécessaires pour faire connaître la vérité, quelle que soit d'ailleurs leur expression. Nous devons conclure de là qu'il ne faut pas regarder comme mensonger le récit tout différent, sous le rapport de la forme et de l'expression, que plusieurs personnes peuvent faire d'un même fait qu'elles ont vu ou entendu. Celui qui prétend que l'Esprit saint aurait dû accorder par sa puissance aux apôtres le privilège de ne varier en rien ni sur le choix des mots, ni sur leur nombre, ni sur la place qu'ils occupent, ne comprend pas que plus l'autorité des Évangélistes est grande et plus elle doit servir à fortifier la tranquillité de tout homme qui dit vrai. Mais lorsqu'un Évangéliste dit : " Je ne suis pas digne de porter sa chaussure, " et un autre : " Je ne suis pas digne de délier sa chaussure, la différence ne porte pas seulement sur l'expression, mais sur le fait lui-même. On peut donc rechercher avec raison laquelle de ces deux expressions est sortie de la bouche de Jean-Baptiste. Car la vraie est celle dont s'est servi le saint précurseur et celui qui lui en prête une autre, sans être pour cela coupable de mensonge, sera nécessairement accusé d'oubli en disant une chose pour une autre. Or on ne peut admettre dans les Évangélistes aucune erreur, qu'elle ait pour cause le mensonge ou un simple oubli. Si donc on doit regarder ces deux expressions comme réellement différentes, il faut dire que Jean s'est servi de toutes les deux, ou dans des temps différents, ou successivement dans la même circonstance. Mais si saint Jean, en parlant de la chaussure de Jésus, n'a voulu exprimer autre chose que l'élévation du Sauveur et sa propre bassesse, quelle que soit l'expression qu'ait employée l'Évangéliste qui au moyen de cette comparaison des chaussures diversement présentée en a fait ressortir la même leçon d'humilité, il a exprimé la même pensée que le saint précurseur, et ne s'est pas écarté de son intention. C'est donc une règle utile, et qu'on ne peut trop se rappeler, qu'il n'y a point de mensonge dans un auteur qui rend la pensée de celui qui fait l'objet de son récit, quand même il lui prêterait des expressions dont il ne s'est pas servi, car il a évidemment la même intention que celui dont il rapporte les paroles.

Ce site veut vous aider à mieux comprendre les Évangiles grâce aux précieux commentaires des Pères de l'Église. Ces commentaires proviennent d'aussi loin que le IIIe siècle, jusqu’à leur compilation par saint Thomas d’Aquin dans un ouvrage intitulé la Chaîne d’or (Catena aurea) au XIIIe siècle.

Les textes des Évangiles sont tirés de la Bible catholique Crampon
Les textes des commentaires sont une traduction par l’Abbé J-M Peronne, Louis Vivès éditeur, 9 rue Delambre, 1868

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